Behjat Sadr
Exposition personnelle.
« Je vous jure, je ne suis pas une peintre abstraite !
Il est dit que si le coupable se repentit, Dieu pardonne ses pêchés et il sera racheté.
Je reconnais ma faute. Oui, j’étais une peintre abstraite, mais je vous en supplie, pardonnez mes pêchés et acceptez ma repentance. Je ne penserai plus de manière abstraite. Je jure devant Dieu que je peindrai une fleur comme une fleur. Et je mélangerai la boue et l’engrais pour les jeter à votre visage, pour que vos poumons s’ouvrent. Vous, animaux qui reniflez la bouse de vos congénères et léchez leur arrière train dans vos enclos. Vous qui ne connaissez que votre minuscule et sombre monde et ne percevez aucune sensation, mise à part l’odeur de leurs pets. »
Behjat Sadr, Lettre non envoyée en réponse à une personnalité du marché de l’art iranien, retrouvée dans le journal intime de l’artiste, 1976
« L’angoisse et la terreur de cette fin de siècle peuvent-t-elles être représentées par une peinture sur toile ? Doit-on les exprimer par les mots ? Doit-on les photographier ?
Il faut … il faut utiliser et prendre tout ce qui peut exprimer les sentiments de notre époque, les arracher des magazines, les coller… et trouver à nouveau d’autres outils. L’expression à travers la peinture est tellement vaste aujourd’hui. (…) Cet homme qui grimace avec un pneu collé sur sa bouche n’exprime-t-il pas la vie de beaucoup aujourd’hui ? »
Behjat Sadr, A propos des photocollages, 1995
Behjat Sadr (1924 – 2009) est née à Arak, en Iran. Elle a vécu et travaillé à Téhéran, Rome et Paris. Après avoir étudié aux Beaux-Arts de Téhéran, Behjat Sadr continue sa formation à Rome et Naples, où elle s’initie à la peinture abstraite. Le mouvement est au centre de la pratique de l’artiste, en témoigne sa période cinétique en 1967, où l’utilisation de stores parfois motorisés lui permettent d’en modifier le rythme. Les différents supports utilisés des années 1950 à la fin des années 1970 (toile, aluminium, métal, bois) montrent la constitution d’une trace, brute et affirmée. Les années 1980 et 1990 laissent place à une pratique plus diverse où la photographie se mêle à la peinture, dans laquelle on perçoit ses déambulations parisiennes et la solitude de l’âge et de l’exil.
Behjat Sadr a présenté son travail dans des expositions personnelles à la Galerie La Bussola, Rome, Italie (1958) ; Galerie Seyhoun, Téhéran , Iran (1967) ; Galerie Cyrus, Paris, France (1975) ; Musée d’art contemporain de Téhéran, Théhéran, Iran (2004) ; The Mosaic Rooms, Londres, UK (2018). Behjat Sadr a également participé à des expositions collectives telles que la Biennale de Venise, Venise, Italie (1956, 1962) ; Biennale de Téhéran, Théhéran, Iran (1956) ; Columbia University, New York, USA (1968) ; Centre d’art Le Noroît, Arras, France (1985) ; Musée national d’art Moderne, Centre Pompidou, Paris, France (2013) ; Asia Society, New York, USA (2013) ; Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris, Paris, France (2014) ; MAXXI, Rome, Italie (2015).