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S'inspirer, respirer Ce que le vivant fait à l’art : une recomposition du visible

Tuesday 29 June 2021 at 6 pm

Entrée libre 

 

Estelle Zhong Mengual est docteure en histoire de l’art. Elle publie Apprendre à voir, le point de vue du vivant (Actes Sud). Elle est l’autrice de L’art en commun (Presse du réel, 2019) et d’Esthétique de la rencontre (Seuil, 2018) 

 

 Nicolas Bourriaud est théoricien et critique d’art. Il publie Inclusions, esthétique du captitalocène (Puf, Perspectives critiques). Il est entre autres l’auteur de L’Exforme (2017), Radicant, pour une esthétique de la globalisation (Denoël, 2009), Esthétique relationnelle (Les presses du réel, 1998), Formes de vie (Denoël, 1999)… 

 

Après avoir considéré l’art comme un double de la réalité et comme une projection du monde humain, les artistes prêtent aujourd’hui au vivant une attention recentrée, intensifiée par la crise climatique. Celle-ci nous a révélé les failles de notre sensibilité au vivant, longtemps parent pauvre de notre univers mental. Avec la prise en compte de l’Anthropocène – ce processus de dégradation des écosystèmes, de l’extinction des espèces animales et des pandémies – documenté depuis le début du 21ème siècle par les sciences de la nature et par les sciences sociales, la théorie de l’art se déplace, à la mesure des oeuvres artistiques elles-mêmes. « L’artiste de ce début du 21ème siècle est le contemporain de l’Anthropocène : cela ne l’oblige en rien, mais cela le détermine », observe ainsi le théoricien Nicolas Bourriaud. La question du vivant traverse ainsi dans ses grandes largeurs les réflexions esthétiques. Au point de nourrir un nouveau tournant dans le champ des études visuelles.  

C’est à cet effort fécond que se livrent, chacun à leur manière, Nicolas Bourriaud et Estelle Zhong Mengual. Dans son essai Inclusions, esthétique du capitalocène, Nicolas Bourriaud veut faire émerger une théorie de l’art prenant acte du dépassement de la division nature-culture : une « esthétique inclusive » appelant à un apprentissage du regard, décentré, replacé dans un univers plurivoque incluant les non-humains. Prenant acte de la fin de la grande séparation entre des sphères longtemps opposées, enfin perçues comme interdépendantes – le végétal, l’animal, le minéral, le moléculaire, la robotique et le social -, Nicolas Bourriaud vise à « réconcilier l’objet et le phénomène, le peintre et l’apiculteur ». 

Dans son essai Apprendre à voirle point de vue du vivant, Estelle Zhong Mengual cherche, elle, à pluraliser et à enrichir les formes de l’enquête visuelle pour apprendre « à voir le vivant ». Se plaçant à l’intersection des sciences de la nature et des sciences de la culture, elle s’empare des outils conceptuels élaborés par la philosophie du vivant la plus contemporaine au service d’une interprétation enrichie des œuvres. En suggérant une conversion du regard, elle s’ouvre à l’élaboration d’une « histoire environnementale de l’art ». 

 En confrontant ces deux approches parallèles, portées par un même souci d’élargir la théorie de l’art pour l’ajuster à la réflexion féconde dans le champ de la philosophie et de l’anthropologie sur la question du vivant (Philippe Descola, Baptiste Morizot, Patrice Maniglier, Anna Tsing, Bruno Latour, Vinciane Despret, Frédérique Aït-Touati…), nous nous interrogerons sur ce que le vivant fait à l’art aujourd’hui. Un art qui met en évidence la bactérie et le microbe, le parasite et l’hormone, comme les peintres de la Renaissance représentaient les anges messagers. Un art qui intensifie la présence de ce qui est et qui entre en empathie avec les choses, comme le disaient Pierre Huyghe et Mark Leckey. 

Speakers

Estelle Zhong Mengual
Nicolas Bourriaud

Date
Time
18h00
Location
Fondation Pernod Ricard
1 cours Paul Ricard
75008 Paris
Free entrance
Free admission, without reservation