REMPLIR LE VIDE
Une exposition personnelle de Christian Gonzenbach.
Pour l’exposition inaugurale, nous avons donné carte blanche à l’artiste suisse Christian Gonzenbach. Ce qu’il nous propose est un feu d’artifice. Du feu, les oeuvres de Gonzenbach en sont issues, que ce soit la céramique ou la fonte (aluminium et bronze), elles en portent encore les marques. Quant à l’artifice, il est présent partout, ce « moyen ingénieux visant à agir, à tromper ». L’artificiel, le « fabriqué de toutes pièces, qui imite la nature… » C’est bien de cela qu’il s’agit, d’imiter ou plutôt de refaire la nature. Mais quelle nature ? La nature des choses bien sûr, et leur transformation, pour citer Lucrèce et Ovide.
Le questionnement de la nature des choses et du monde passe par leur reproduction. Et c’est là que l’artiste s’ingénie à inventer des processus pour reproduire, on n’est pas dans le figuratif, plutôt dans la sculpture documentaire. A chaque opération, le procédé révèle autre chose. Et soudain on voit les choses comme on ne les avait jamais vu.
Le travail de Christian Gonzenbach se caractérise par sa capacité à faire surgir des formes inédites: détournant l’objet de son état primaire, il insuffle une dimension nouvelle à ce dernier tout en conservant ses qualités intrinsèques. Expérimental, le travail de l’artiste explore avec ingéniosité des matérialités incongrues: «Partant de ses compétences de céramiste, il tend à créer des formes par l’empreinte, plus ou moins altérée, d’autres.
En résulte des témoignages d’une époque, disons la nôtre, qu’il nous appartient de déchiffrer. (1) En prenant ses sujets à rebours, en se plaisant à les définir en creux, Christian Gonzenbach surprend le spectateur par la sensation de familiarité qui émane de ses oeuvres, troublante car à peine perçue que sitôt contredite par des déplacements d’ordres divers: matériaux, échelles, inversions.» (2)
« Les matériaux s’articulent de manière alchimique, la fonte de métal (aluminium, bronze, étain), la céramique, le ciment, le polystyrène, le soufre, le plâtre. Ces sculptures dialoguent avec l’espace, essayant comme nous de trouver leur place entre trop et pas assez.» (3)
(1) Jérémie Gindre, Fossiles d’hier et d’aujourd’hui, in: «Christian Gonzenbach, Petite retrospective»,
Musée des beaux-arts Le Locle, 2006, p.VI
(2) http://ge.ch/culture/oeuvres-du-mois/2011-07/christian-gonzenbach
(3) Christian Gonzenbach à propos de l’installation réalisée à la Galerie C, à l’occasion de l’exposition
“INVERSO » 2017.