S'inspirer, respirer : "Il n'est pas mort le soleil !"
Dans le cadre du cycle "S'inspirer, respirer", entretien entre Emma Carenini et Jean-Marie Durand.
La longue séquence de l’hiver en cours, et le déficit de lumière qu’elle provoque dans nos existences assombries, nous invite à prendre le soleil au sérieux, tant il nous manque. Grâce à lui, ne sommes-nous pas étrangement augmentés ? La structure sensorielle du corps ne change-t-elle pas sous son influence ? C’est l’hypothèse que soulève Emma Carenini dans une réflexion philosophique et scientifique sur ce que le soleil fait aux individus, et à la pensée elle-même.
Rappelant que le soleil n’a cessé d’inspirer les philosophes - de la théorie des idées de Platon jusqu’à la pensée du Midi de Nietzsche -, elle soutient qu’il existe une pensée « faite au soleil, qui n’est pas la même qu’ailleurs ». La philosophie occidentale a une dette envers la lumière de la Méditerranée, estimait Paul Valéry. Ce n’est que par la lumière que le monde devient accessible. Si l’esprit du sud a irrigué la pensée antique et moderne, c’est parce que « l’éclat du soleil nous rend à l’extériorité du monde, tandis que la nuit nous tourne vers une parole intérieure ».
L’énergie solaire elle-même reste l’une des plus prometteuses des énergies renouvelables. Capter directement l’énergie du soleil, comme on a volé le feu du soleil, c’est ce que promet une véritable « civilisation solaire à venir ». Croisant les philosophies et les sciences qui n’ont cessé de progresser en observant le soleil depuis Archimède, l’autrice invite à faire place au soleil, considéré comme une ressource conceptuelle, physique, énergétique et sensuelle.
Emma Carenini, est l'autrice de Soleil, mythes, histoire et sociétés (Le Pommier)