Entretiens sur l'art avec Kiki Picasso
À l’occasion de cette rencontre « Entretiens sur l’art », la critique d’art Jill Gasparina reçoit l’artiste Kiki Picasso.
C’est dans la seconde moitié des années 1970 que Christian Chapiron, tout juste sorti des Beaux-arts de Paris, se métamorphose en Kiki Picasso.
Il évolue alors au sein du collectif Bazooka, qui, inspiré par l’anarchisme et le punk, investit différentes revues satiriques ou d’actualité, dont le quotidien Libération.
L’histoire du groupe, qui se superpose à celle d’une contreculture à la française, a donné lieu à de multiples expositions, publications, recherches et elle est aujourd’hui plutôt bien connue.
Si Kiki Picasso entame une carrière solo quand le groupe se dissout, son parcours d’artiste, de graphiste, et de vidéaste reste marqué par les aventures collectives et un sens aigu de la contestation. Dès les années 1980, il travaille pour la presse, la télévision, la publicité, autant d’espaces institutionnels au sein desquels la collaboration est la règle (et où la figure autrefois mythique du créateur solitaire n’est plus que le personnage d’une vieille fable désuète). Il laisse aussi muter son langage plastique, toujours vif, coloré et synthétique, en investissant non seulement le collage, le dessin, ou la peinture, mais aussi la vidéo ou la palette graphique. L’usage de cet outil, apparu à l’aube des années 1980, constitue une véritable révolution dans son oeuvre et il en devient l’un des maîtres, réalisant pendant plus d’une décennie les habillages télévisuels les plus pointus qui soient et construisant activement l’histoire d’un art pop à la française.
Naviguant d’un projet à l’autre, Kiki Picasso s’est toujours tenu à distance méfiante du business du graphisme et de la direction artistique, comme d’un monde de l’art dont les modalités d’exposition ou de circulation des oeuvres ne lui conviennent pas. L’entretien reviendra sur son parcours, et sur cette position radicalement indépendante d’artiste, affirmée dès ses débuts.