Ghost Night — soirée de projections

PROGRAMME DE LA SOIRÉE

20h00 Accueil
20h30 COYOLXAUHQUI de Los Ingrávidos
20h50 Sometimes it was Beautiful de Christian Nyampeta
21h35 Island Song de Charlemagne Palestine
21h45 Tres fantasmas de Naufus Ramírez-Figueroa
22h00 Entracte
22h15 Semiotic Ghosts de Los Ingrávidos
22h25 Mariner of the Mountains de Karim Aïnouz

Courts métrages, films expérimentaux et vidéos d'artistes s'enchaîneront tout au long de cette Ghost Night qui se déroulera dans l'auditorium de la Fondation de 20h à minuit le vendredi 30 juin. La séance s'achèvera avec la projection de Mariner of the Mountain (2021), long métrage du réalisateur brésilien Karim Aïnouz.

« Certains voient des fantômes, tandis que d’autres ne les voient jamais. Quoi qu’il en soit, notre sens de la vision est mis à l’épreuve par les fantômes. Il ne s’agit pas de croire, mais plutôt d’être hanté. Le fantasmagorique représente une intemporalité fondamentale, un retour du passé non pas en tant que souvenir ou histoire, mais en tant qu’expérience antithétique à la présence. Jacques Derrida a déclaré dans une célèbre interview pour les Cahiers du cinéma en 1990 que « le cinéma est l’art des fantômes ». La matérialité du cinéma et son aspiration paradoxale à l’immatérialité sont intrinsèquement liées à la spectralité et à ses nombreuses définitions, depuis les premiers effets optiques jusqu’aux discussions plus récentes sur le cinéma expérimental et la théorie du film décolonial.

Les fantômes apparaissent dans les marges sensibles et les lignes de faille où la logique d’un système dominant commence à se fracturer. Ce projet prend cette hypothèse comme point de départ, en invoquant le potentiel poétique des présences liminales. Les artistes et les cinéastes qui ont contribué à la vingt-quatrième édition du Prix de la Fondation Pernod Ricard ont utilisé des mots, des sons, des images ainsi que les capacités stylistiques dynamiques du cinéma pour entraîner les spectateurs dans des histoires non linéaires, des prises de vue auto-fictionnelles et des fabulations critiques de toutes sortes. Au travers de ces oeuvres radicalement différentes dans leur forme et leur contexte, ils partagent une prédilection pour le fantasmatique en tant que figure fugace et incertaine qui voyage toujours d’avant en arrière, dans une constante oscillation qui canalise les ambiguïtés et soulève des questions sur le temps, l’espace et l’identité.

Ce programme public-festival de cinéma, qui se déroule quelques mois avant que les oeuvres produites pour l’édition de cette année du prix ne soient révélées et ne rencontrent le public, repose sur le concept de marginalité. Les critiques déconstructionnistes et féministes ont mis l’accent sur cette activité, en rapport avec les gribouillages et les commentaires qui s’inscrivent en dehors du texte officiel. En un sens, ce concept renvoie à la « figure marginale » et reconnaît l’importance vitale de ce qui a été laissé de côté ou supprimé pour que le résultat soit considéré comme « définitif ».

Les films ne seront projetés qu’une seule fois, pendant la soirée du festival, et exigent engagement et implication pour être pleinement appréciés. La programmation se compose de suggestions de la commissaire et de certains des artistes participant au prix, ce qui ouvre de nouvelles voies et possibilités de connexion avec ce qui serait alors perçu comme la matérialisation d’un long processus. Lors de cette soirée particulière – que nous pourrions considérer comme une sorte de soirée d’ouverture – nous invitons le public à se rassembler et à embarquer dans une suspension volontaire de l’incrédulité tout en se confrontant délibérément à des sujets et à des sensations que les systèmes sociaux et culturels s’efforcent généralement d’effacer. »

— Fernanda Brenner, commissaire du 24e Prix Fondation Pernod Ricard