L'Avancée Clément Courgeon

Luc Balayette, colporteur et collecteur

 « Le colporteur, ce vendeur ambulant qui sillonne les routes et fait circuler les marchandises de villes en villages, est un acteur essentiel dans la réflexion sur l’oralité et la transmission » 

Catalogue Folklore Artistes et folkloristes, une histoire croisée. Editions Centre Pompidou-Metz, sous la direction de Jean-Marie Gallais et Marie Charlotte Calafat

« CLAC CLAC CLAC me voici devant vos yeux Luc Balayette noir, blanc, jaune, mes histoires, mon attirail : un miroir, un masque, un drapeau, des claquettes, un tableau noir. Accueillez le vrai et le faux … CLAC CLAC CLAC »

Cette belle arnaque de Luc Balayette… Luc ce nouveau colporteur, charrie des objets et les histoires qui vont avec. Il adore débiter ses histoires à des oreilles fraîches.

Parler fort, éructer et bruiter est rendu possible grâce à son costume : c’est son estrade. Il lui donne la capacité de s’exprimer devant un large public.

Son saint-frusquin le protège, exagère et amplifie sa parole.

C’est lorsqu’il revêt son habit, qu’il s’autorise à parler, crier, et taper des pieds. C’est une armure qui le soustraie à lui-même. Ainsi nippé de son attirail, il divorce de sa timidité.

Ce costume emprunte aux traditions de certains carnavals européens. Il déclenche et exagère la parole, son aspect burlesque suscite une forme de curiosité, précédant tout acte verbal. La performance qui en découle se conçoit comme un lieu de liberté, de débordement et d’inversion.

L’utilisation de différents matériaux, couleurs, et motifs convoque et superpose plusieurs univers distants : les rayures du bagnard, un drapeau héraldique, une citation de corsaire, un miroir d’opérette… Les objets disposés sur le mur jaune provoquent certaines associations libres et peuvent être interprétés comme une autre forme de langage. Coudre c’est s’exprimer d’une autre manière, sans syntaxe, mais avec du cuir, du tissu et du bois…