matter gone wild, exposition personnelle de Josèfa Ntjam

du 14 novembre 2023 au 27 janvier 2024

« matter gone wild », est le titre d’une exposition-installation et d’un film, sollicitant un ensemble de personnages centraux aux projections de l’artiste Josèfa Ntjam.

Josèfa Ntjam (1992, Metz) développe une pratique transversale liant la vidéo, l’écriture, l’installation, le photomontage et la sculpture. Intéressée par les notions de spéculation autour de l’espace, elle élabore depuis plusieurs années un travail de fictions concernant des mondes possibles, des futuribles. Elle présente aussi des lectures performées, dans l’intention d’incarner l’écriture et déployer les modes d’énonciation.

 

« matter gone wild », est le titre d’une exposition-installation et d’un film, sollicitant un ensemble de personnages centraux aux projections de l’artiste Josèfa Ntjam. On y re.trouve notamment les figures de Marthe Ekemeyong Moumié (membre de l’UPC 1 et leadeuse de la lutte pour l’indépendance du Cameroun) et de Persona (entité inclassable, conteur*se de chroniques afrofuturistes et révolutionnaires contemporaines) ; aux côtés d’autres néo-avatars comme Saturna, L’alchimiste, Le mixotrophe, etc.
Chacun·e opérant à la fois comme guide et témoin, « matter gone wild » est à envisager comme une proposition d’entraînement à l’insurrection — imaginaire et mémorielle.

Josèfa Ntjam a imaginé une exposition immersive qui se concentre sur les notions de réseaux dissidents, souvent cachés, cryptés, et la force nécessaire de les mobiliser. Il sera question du maquis, biotope révolutionnaire entrelacé dans un amas de cellules végétales observées au microscope, mais aussi de figures mythologiques, souvent métaphores des luttes passées et à venir – toujours à venir.

Dans un premier espace, les visiteur·ses sont invité·es à prendre place au sein de ce que l’artiste nomme des « incubateurs de révolte » : des dispositifs à l’instar de cellules de préparation physiques et mentales comme en décrit la science-fiction. Une fois installé·es à l’intérieur (non sans, au passage, un engagement particulier des corps 2), l’on se voit alors proposer de suivre des sortes de « tutoriels », déclinant des outils propices à la résistance psychique contre les onctions narratives de nos quotidiens délétères. À rebours, on y découvre des potions de plantes pour alimenter la dissidence et des QCM aux vertus disruptrices. Par exemple : Où vous situez-vous pour vos révoltes ?
Puis, désormais « échauffé·es », nous pouvons nous conduire dans un second espace immersif. Comme un passage dans les sous-sols (ou soubassements) d’expérimentation d’une NASA qu*antique. Excavés ou anticipés ?
En fond de salle, jouent en tout cas une succession de dioramas ; comme des mises en situations des personnages précédemment cités. Ni plus sujets observants ou d’observation mais véritablement acteur·ices de leur propre histoire. Comme pris·es « sur le vif », en plein délit de refonte et de métamorphose, de divergences. À venir, car advenues.
Alentour, un ensemble de sculptures hybrides. Artefacts de ces voyages futur-passés auxquels Josèfa Ntjam ne fait jamais simplement « référence » ni « déférence », mais irrévérence salutaire : altération 3. Un totem drexciyan 4, qui derrière ses atours de monuments serait, qui sait, la commande d’ouverture d’un portail vers certains de ces futuribles à l’image ; des siphonophores de céramique, solides comme des chrysalides en mutation, ou les antennes de transmission d’une messagerie alien, inoccidentale, inouïe…

 

 

1. « Union du peuple camerounais »

2. En effet, les sols et assises de ces incubateurs sont imaginées comme instables, voire inconfortables ; rappelant que la nécessité de la révolte en vue de la libération, sont non seulement affaire de mots ou d’intellectualisation mais d’incarnation.


3. Si dans le sens commun le terme d’altération est synonyme de dégradation (négative), il signifie en musique un changement (neutre) de hauteur des notes (dièse, bémol, bécarre), et en géologie : la transformation des roches, responsable (positive) de la formation des sols. Étymologiquement, il est question de rendre les choses « autres », différentes.

4. Drexciya est un duo electro/techno mythique de la ville de Détroit, dans le sillage des artistes du label Underground Resistance. Dans leur album intitulé « The Quest » (1997) notamment, le groupe explique que leur nom, fait référence à un territoire sous-marin peuplé des enfants à naître de femmes africaines enceintes jetées par dessus-bord des navires durant la Traite des esclaves ; en écho notamment à l’ouvrage de Paul Gilroy, L’Atlantique noir : modernité et double conscience.

 


Photo :  Josèfa Ntjam, MARTHE, 2023, still video#2. © ADAGP, Paris, 2023

Artistes
Dates
14 novembre 2023 - 27 janvier 2024
Horaires
Du mardi au samedi, de 11h à 19h
Lundi sur rendez-vous
Entrée libre
Visites
Visites commentées gratuites
mercredi 12h, samedi 12h et 16h
© ADAGP, Paris, 2023
© ADAGP, Paris, 2023
© ADAGP, Paris, 2023
© ADAGP, Paris, 2023
© ADAGP, Paris, 2023
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