La Traverse
Jusqu'en juillet 2024, La Traverse était une surface d’accrochage dédiée aux artistes émergent·es, installée dans l’espace éponyme au rez de-chaussée de la Fondation Pernod Ricard, à proximité de son Auditorium. Cette année, le programme change de formule mais poursuit son engagement auprès des jeunes artistes par le biais d'un partenariat avec la Villa Arson (Nice).
Plus d'informations à venir.
Charlotte Durand & Nino Spanu
15 mai - 13 juillet 2024
« Charlotte Durand et Nino Spanu questionnent, chacun·e à leur manière, l’autoportrait. Iels le déploient, non pas en tant que miroir égotique, mais en tant qu’outil d’investigation autour des questions d’appartenance, de classe sociale et de performativité culturelle, sociale et économique. »
Chloé Poulain, commissaire de l'exposition
En collaboration avec ESACM (Ecole supérieure d'art de Clermont Métropole)
Image : Vue de "La Traverse #3" à la Fondation Pernod Ricard, Paris, 2024. Photo Léa Guintrand. Courtesy des artistes.
Alexandre Boiron & Taïs Gutin
20 mars - 11 mai 2024
« En filigrane de la pratique de Taïs Gutin et Alexandre Boiron se pose une question d’influence. L’influence de la mémoire sur la perception de ce qui nous entoure. L’influence d’un être sur un autre. Les deux artistes usent du banal pour le confronter à ce qui lui échappe, ce qui se joue entre ses mailles, dans ses interstices. Cette dualité leur permet de créer des espaces où l'intérieur et l'extérieur, le visible et l'invisible, se confondent. »
Chloé Poulain, commissaire de l'exposition
En collaboration avec ESACM (Ecole supérieure d'art de Clermont Métropole)
Image : Taïs Gutin, Rouge-gorge, 2023, collage d’une impression laser sur du polystyrène expansé, 20x13x5cm. Courtesy de l'artiste
Théo Levillain & Lou Maneval
24 janvier - 9 mars 2024
« C’est par le silence que j’aborde les pratiques de Théo Levillain et Lou Maneval. Chacun·e l’invoque comme témoin de ce qui commence et s’achève, insidieusement, entre les strates. Malgré leurs approches a priori antagonistes, ces artistes creusent un écart révélateur et conscientise notre rapport au flux, qu'il soit perpétuel ou brusquement interrompu, qu'il soit le coupable ou le remède d’une angoisse capitaliste. [...]
Dans l'espace d'exposition, gît Eurovision 1956-2023, un édredon en satin bleu qui est l’œuvre de Lou Maneval. Dans les plis du tissu, apparaissent brodés les différents pays ayant participé à l’Eurovision, avec leurs colonies et territoires occupés. Ces lignes cartographiques, tirées par le tissu, se fondent en une masse fluide et difficilement reconnaissable, pareil à la typographie d’un groupe de black métal. Contenu dans un édredon, L’Eurovision est devenu sourd, comme un corps contenu dans une couverture.
Le même mouvement s’opère avec Flûte, un tube d’acier brut, obstrué par deux morceaux de polystyrène, suspendu par des fils de cuivre. À cet objet, entre rebut de chantier et artefact extrait d’une fouille archéologique, Théo Levillain insuffle un potentiel sonore, et même musical qui vient se heurter aux deux extrémités de l’instrument. La mélodie restera contenue, la musique interrompue, le tumulte feutré. »
Chloé Poulain, commissaire de l'exposition
En collaboration avec ESACM (Ecole supérieure d'art de Clermont Métropole)
Image : Courtesy de Lou Maneval
Konstantinos Kyriakopoulos
La pratique de Konstantinos se développe autour d’un dispositif de prédilection, qu’il décline en fonction des contextes et propos : le lit. Pensées comme des endroits, ses oeuvres sont des invitations à la collaboration d’une part et à l’expérience structurelle d’autre part. Le lit n’est pas un thème, c’est un format sur lequel reposent des idées, des formes et des corps. Konstantinos développe une démarche qui se matérialise en une proposition d’accueil : s’il en crée les conditions et le contexte pour qu’autrui puisse habiter ses pièces, il n’attend pour autant pas de résultat.
À rebours d’une pratique solitaire et d’une position individualisante, Konstantinos Kyriakopoulos invite d’autres artistes à échanger, collaborer, trouver de nouvelles manières de réfléchir et des outils du faire ensemble, dans une volonté où le moment passé importe plus que le résultat.
Andréanne Béguin
Juliette Barthe
« Ce que j’ai souhaité présenter à la Fondation Pernod Ricard est, d’abord, une proposition d’accrochage composée de deux peintures : la plus petite est le résultat d’une expérimentation de recherche autour de la trace que peut laisser l’empreinte de la main. La seconde, plus grande, est un dialogue entre l’espace réel et l’espace virtuel, ponctuant l’espace d’exposition par ses variations de couleurs dûes à l’espace et au temps dans laquelle elle se trouve. Je parie sur l’interaction du spectateur•ice qui pourrait la prendre en photo avec le flash activé de son téléphone : une autre image de la peinture apparait en réaction sur son écran. La trace rencontre le numérique et l’empreinte résiste à son absorption par le digital engendré par la superpuissance technologique.
Enfin, j’ai souhaité proposer un fanzine intitulé FFLINTA* créé en collaboration avec l’artiste Lucie Wahl, inspiré de l’exposition Women choose Women réalisée au New York Cultural Center en 1973. FFLINTA* est pensé selon le sisterhood : un système d’invitations, en réseau, revalorisant les liens sensibles connectant les contributrices•eurs entre ielles en non-mixité choisie, sans regard curatorial. »
Juliette Barthe
photo © Léa Guintrand
Francisco G. Pinzón Samper
Francisco peint ce qu’iel aime véritablement. Ses inspirations sont multiples et hétéroclites : son intérêt pour Fra Angelico est aussi sincère que celui qu’iel porte à Emilio Pucci, aux années 60 et leurs couleurs acidulées, comme aux mangas plus contemporains. La peinture, activité quotidienne, créé une distanciation salutaire avec la réalité qui lui permet de se plonger dans une forme d’introspection et de méditation. Ses créations laissent entrevoir des fragments d’intimité : à la fois des portraits de ses proches mais aussi le fruit de ses contemplations personnelles. Tout comme il est possible de lire dans des cartes des symboles qui renvoient à nos désirs, à notre passé et à notre futur, ses créations sont un éventail d’allégories personnelles.
Andréanne Béguin
Lucille Léger
11 janvier - 25 février 2023
Tipping Edges, 2022
« Les installations de Lucille Leger oscillent entre sculpture fonctionnelle et mobilier radical, présentant des formes abstraites, auxquelles viennent s'agréger des contours connus pour leurs existences domestiques : lampe, rideau, paravent… Au gré d’hybridations plastiques, l’artiste offre une matérialité et une centralité aux zones liminales, aux entre-deux : entre l’intérieur et l’extérieur, entre le privé et le public, entre le naturel et l’artificiel, entre l’art et l’objet. Ses pièces émoussent les frontières et sont empreintes d’une grande porosité avec les contextes de production et d’exposition. Le dialogue est permanent entre l’espace et l'œuvre, par des jeux de contrastes lumineux, par des transparences ou au contraire des obstructions. En perturbant les manières de percevoir et de voir à travers, l’artiste convoque la notion d’écran, omniprésente mais devenue banale dans nos vies quotidiennes. »
Andréanne Béguin
Photo : (c) Raphaël Massart
Charlotte Simonnet
16 novembre 2022 - 7 janvier 2023
« L’œuvre que je propose est une installation nommée Coutures. Elle est composée de fer à béton imitant le mouvement d’une corde et vient comme coudre le mur dont elle sort, formant des boucles de dimensions différentes avant de tomber sur le sol. Ce fer à béton est traité de manière à ce qu’il ait une couleur noire aux reflets violets.
Cette installation consiste un geste évoquant la construction même d’un lieu, d’une architecture. Il est ici question de bâtir un espace comme on bâtit un vêtement. En sortant de la cimaise, le fer à béton rend visible une forme invisible. Le geste de la couture évoque alors une manière de lier le dessous avec le dessus. Un jeu d’illusion se crée par le contraste entre la rigidité du métal et les formes arrondies et souples d’une corde. »
Charlotte Simonnet
Clédia Fourniau
28 septembre - 2 novembre 2022
« Géminé c’est-à-dire doublé, groupé ensemble, fait référence au principe de bond et de rebond sur lequel je travaille depuis quelques années. Il y a d’abord la surface miroir du tableau qui reflète cellui qui la regarde et qui voit son corps faire corps avec la peinture elle-même. Il y a ensuite ces couches successives de résine et de mica qui se superposent et archivent le processus et la vie à l’atelier. Il y a aussi une sorte d’enjeu théâtralisé du corps, simultanément poussé au centre et repoussé vers les contours, où les gestes et les tableaux eux-mêmes ricochent et se dédoublent dans un mouvement performatif. Ce double-cadre et ce double-tableau sont autant de possibilités pour moi d’interroger l’acte créatif, que d’affirmer la nécessité pour une peinture d’en abriter d’autres. »
Clédia Fourniau
Photo : (c) Clédia Fourniau
Lena Long
9 juin - 9 juillet 2022
Par la peinture, Lena Long rend compte d’un moment charnière difficilement délimitable entre l’enfance et l’adolescence. Ce passage se rejoue à l’infini dans le cadre du châssis, par une matière mate et des couleurs acidulées.
« Je peins des emballages, des gâteaux trop décorés, des architectures fragiles, des mondes de plastique… La fast-food comme les jeux sont autant de plaisirs instantanés et régressifs. Ils appartiennent autant au réconfortant qu’à la fin du temps des hommes. On oscille alors entre tendresse et un constat aigre-doux. Mon affection va à la fin de l’enfance et au début d’adolescence. Elle incarne pour moi le seuil des violences – psychique, économique, climatique. En extirpant et en s’appropriant les forces et les élans de l’adolescence, le capitalisme se régénère. Le formes gonflables, enflées, fluos, plastiques, éblouissantes sont celles de ce régime. Pourtant c’est aussi le temps des sororités et du primaverisme. Ce sont ces forces et formes que je cherche à peindre – le lieu de toutes ces puissances. »
Lena Long
Photo : (c) Tadzio
Frederik Exner
12 mai - 4 juin 2022
Frederik Exner mène un travail de sculpture figurative aux matériaux divers.
Les images, qu’elles soient peintes, sculptées voire sculpturales, sont essentielles dans son travail, celles-ci priment sur les questions d’espace, de forme et de matière.
Des créatures, des êtres non-humains, des hybrides humain-objet et humain-animal (etc.) figurent souvent dans son univers. Ils se battent, se caressent, s’envahissent, se câlinent ou se pénètrent ; se dévorant eux-mêmes dans un cycle sans fin qui déstabilise les hiérarchies dualistes entre la nature et la culture, le sujet et l’objet, la réalité et la fiction, l’humain et le non-humain.
Ces êtres étranges sont les émissaires d’une force et d’une volonté non-humaine ; d’un matérialisme vitaliste qui pourraient suggérer des alternatives à la pensée anthropomorphique.
Photo : (c) Tadzio
Bahar Kocabey
14 avril - 7 mai 2022
Bahar Kocabey explore les possibilités plastiques du portrait et du motif à travers le dessin, la peinture, la céramique. Pour l’artiste française d’origine kurde, « tout commence par le dessin », geste primitif d’une double exploration de la forme et de l’informe. En jouant des ambiguïtés entre motifs et « macules » selon la méthode prescrite par Alexander Cozens1, elle puise alors dans des formes narratives non circonscrites à une idée de l’autoportrait réduite à une intimité hermétique.
Elle compose ainsi des portraits-paysages. D’une douce hospitalité, tons ocres et couleurs chaleureuses dominent les compositions de l’artiste qui articule les mondes qu’elle habite simultanément, en même temps qu’elle réhabilite une culture violemment silencée. D’après la notion de « subalternité kurde » développée par Engin Sustam2, elle dessine ainsi les horizons d’une identité culturelle politique, multiple et en relation.
1Jean-Claude Lebensztejn, L'art de la tâche : introduction à la Nouvelle méthode d'Alexander Cozens, 1990.
2 Engin Sustam, Art et subalternité kurde : l'émergence d'un espace de production subjective et créative entre violence et résistance en Turquie, 2016.
Nino Kapanadze
17 mars - 9 avril 2022
« Je m’intéresse à la pratique de la peinture non comme un médium de création d’images, non à une surface mais à un espace où je peux développer une conversation, confronter mes propres approches et surtout poser des questions sur la peinture contemporaine. Cet espace est une zone de conflit entre l’universel et le personnel, l’abstraction et la représentation, la beauté et la vérité. Je ne suis pas intéressée par une vérité factuelle du monde pictural mais une vérité totale qui vient comme une agglomération de perceptions. Il n’est pas toujours nécessaire de résoudre des conflits, ma pratique artistique vit dans cette zone de conflit, elle me laisse assez d’air pour le développement d’une vision singulière. »
Nino Kapanadze
Photo : (c) Aurélien Mole
Anna Aucante
17 février - 12 mars 2022
« Heureuse la faute […] » indique un sous-titre brodé sous l’une des « Réparations » d’Anna Aucante. « Ta dette est payée » complète un autre comme pour enfoncer le clou. Dans ses tissus reprisés et augmentés de messages elliptiques qui rappellent la poésie des marabouts de Barbès, Anna Aucante entremêlent les fils d’une texture sociologique autant qu’artistique. Qui la conduit du côté des travaux de jeunes filles du XIXème siècle jusqu’aux questions les plus contemporaines d’écologie et de dette justement, que nous serons bien en peine d’honorer.
Opéré récemment, ce tournant dans la pratique d’Anna Aucante lui a permis d’envisager autrement son travail de peinture et de dessin. Raccommodés, rapiécés, suturés, ses tableaux sont aussi des champs de bataille où il s’agit, comme le dit joliment l’artiste, de remettre de l’ordre. Et ce faisant de guérir d’une lecture trop péjorative de cet ordre retrouvé qui chez elle est plutôt gage d’harmonie.
John D. Alamer
13 janvier - 12 février 2022
John D. Alamer est un artiste auteur qui œuvre à la mise et remise en circulation de textes par le biais de parutions qui prennent la forme d’objets éditoriaux.
Photo : (c) Théo Pall
Clément Courgeon
2 décembre - 23 décembre 2021
Cette belle arnaque de Luc Balayette… Luc ce nouveau colporteur, charrie des objets et les histoires qui vont avec. Il adore débiter ses histoires à des oreilles fraîches.
Parler fort, éructer et bruiter est rendu possible grâce à son costume : c’est son estrade. Il lui donne la capacité de s’exprimer devant un large public.
Son saint-frusquin le protège, exagère et amplifie sa parole.
C’est lorsqu’il revêt son habit, qu’il s’autorise à parler, crier, et taper des pieds. C’est une armure qui le soustraie à lui-même. Ainsi nippé de son attirail, il divorce de sa timidité.
Mathilde Rossello
28 octobre - 27 novembre 2021
« Dans mon travail de peinture, je m’intéresse principalement à la représentation du corps. Avant l’étape de peinture qui s’effectue à l’atelier j’écris, je dessine et me mets en scène dans des autoportraits photographiques que j’intègre parfois à mes tableaux. La représentation du corps féminin au cinéma a récemment été une forte source d’inspiration. Mon intérêt pour le récit et la poésie cependant persistent ainsi qu’une attention pour les relations qu’entretient la pièce finale avec l’espace d’exposition et ses visiteur.se.s. »
Mathilde Rossello
Photo : (c) Thomas Lannes