Lancement de la mini-série Screen Talk
La société de production Bad Manner’s met en ligne le site internet expérimental www.screen-talk.com, construit autour de la minisérie Screen Talk réalisée par l’artiste Neïl Beloufa. Adaptée d’un film tourné en 2014, elle dépeint un monde conditionné par une étrange pandémie, avec un ton décalé et quelques années d’avance. Mais ce projet est aussi une tentative d’expérimenter un modèle de diffusion et de production d’objets artistique sur le web.
“Alors qu’une pandémie aux contours flous semble se
répandre dans le monde, deux médecins à l’ego démesuré,
cloîtrés dans leurs laboratoires respectifs, entrent en
compétition pour trouver le remède au virus. L’un d’eux, le
Dr Martin, voyant sa femme tousser plus que d’habitude,
la considère comme le patient 0, et la place en quarantaine
dans leur appartement. Prétendant s’être installé dans
un laboratoire éloigné, il passe ses jours un étage plus
haut, avec sa collaboratrice et amante, le Dr Suki.”
LA SÉRIE
Screen Talk est une mini-série aux tons de vaudeville satirique sur la transmission de l’information et l’abstraction du discours scientifique. Dans ce monde ultra connecté, l’absence de frontières claires entre les mondes virtuel et réel renforce les démarches individualistes et opportunistes. Les protagonistes, isolés chez eux ou sur leur lieu de travail, communiquent par caméras et par écrans interposés. Ils deviennent les auteurs de leur propre mise en scène, tentant à la fois de négocier entre leur vie personnelle et leurs échanges professionnels, et entre les progrès de la science et la progression de la maladie. Elle a été réalisée en 2014 par l’artiste franco-algérien Neïl Beloufa, sur un scénario coécrit avec le bédéiste français Léo Maret, et l’artiste américain Jory Rabinovitz pour les dialogues. Elle a été tournée avec des comédiens non professionnels qui ont été recrutés au Banff Centre for Arts and Creativity (Canada). Elle a été diffusée sous forme d’installation à l’ICA, Londres (2014), à la Casa Enscendida, Madrid (2015), et à Stroom den Haag, La Haye (2015). Conçue comme une pure fiction et sans soupçonner d’analogie avec une possible réalité, elle entre en résonance avec l’alerte sanitaire mondiale que nous connaissons aujourd’hui.
LE SITE-ŒUVRE
La série est rendue disponible sur le site internet interactif et ludique www.screen-talk.com, qui est conçu comme une oeuvre d’art à part entière. Les personnes qui le visitent peuvent, au gré d’une narration non linéaire, y jouer à des jeux et à des quizz parodiques qui leur permettent de débloquer l’accès à chacun des épisodes de Screen Talk, télécharger des œuvres d’art en pliage à imprimer et réaliser chez soi, ou participer à un chat intégré au site pour échanger des impressions en direct. Ses différentes sections sont rendues accessibles par un système de zoom et de dézoom. Autrement dit, la structure du site est entièrement spatialisée, et non dissimulée dans un menu et une arborescence. En mobilisant l’histoire courte mais dense des sites internet d’artiste, Neïl Beloufa s’engage dans un projet plus vaste dont www.screen-talk.com est la première pierre. Il s’agit de considérer internet non plus seulement comme un espace de diffusion, d’échange ou de transposition, mais, à l’instar de la salle du musée, de l’appréhender comme le premier lieu d’existence des œuvres d’art avec ses atouts et ses contraintes. C’est une proposition en faveur d’une nouvelle manière d’appréhender l’art, grâce à des œuvres pensées artistiquement, techniquement et économiquement pour le web.
LE PROJET
Car Screen Talk est aussi une tentative de travailler dans un modèle artistique et économique différent, à coûts réduits. Il s’agirait d’imaginer un modèle artistique dans lequel institutions publiques, mécènes, médias, et mêmes marques diverses et étrangères au monde de l’art s’associent pour permettre à un ou plusieurs projets artistiques de voir le jour, en investissant un tout petit peu de leur capital financier, social ou technique. En mettant de cette manière leur structure à disposition, ils et elles pourraient donner à l’art la capacité de se développer parallèlement au cadre qu’elles offrent habituellement, d’une manière plus ouverte, variée et inclusive. Une telle multiplication des partenariats, nationaux et internationaux, permettrait aux œuvres d’atteindre une audience très large et variée, en mutualisant des réseaux différents et en se dispensant d’afficher une bannière commune. En même temps, les échanges de visibilité entre artistes et sociétés diverses pourraient permettre de renouveler l’existence médiatique des uns et des autres tout en essayant de repenser la manière dont l’art peut ou doit s’inscrire dans la société.
A PROPOS DE BAD MANNER’S
Créée en 2014, la société Bad Manner’s Production a évolué pour devenir une structure hybride, ouverte à la production de projets aux échelles et aux formats divers. Aujourd’hui, Bad Manner’s développe une mécanique de production basée sur la mutualisation, la multiplication des partenariats et le microfinancement (crowd-funding) afin de produire des objets digitaux, des sites internet, des oeuvres d’art, des mini-séries et des films. Bad Manner’s Production participe directement à la concrétisation des projets et en mettant des moyens techniques à disposition (salle de montage vidéo et son, étalonnage, caméras ou équipes techniques). Bad Manner’s Production a déjà participé à la production des œuvres et films de : Neïl Beloufa (Desire for Data ; Occidental ; People’s Palace), Grégoire Beil (Roman National ; Les Jeunesses D’Or), Chrystèle Nicot (Westernized Koreaness = Hybridization and, Love ; Script Kiddies), Nicolas Tubéry (Deman La Tondra), Caroline Mesquita, Jean-Charles de Quillacq et Arno Ledoux.
Production générale :
Bad Manner’s, diffusion en partenariat avec avec les galeries Kamel Mennour, Mendes Wood DM, François Ghebaly, Galleria Zero
Production de la mini-série Screen Talk :
Banff Centre for Arts and Creativity
Production du site internet www.screen-talk.com :
Fondation d’entreprise Ricard et Pejman Foundation