avec & sans

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du 11 février au 26 mars 2011

Pour sa première exposition personnelle dans une institution parisienne, Éric Baudart présente un ensemble de pièces qui témoignent d’une pratique instinctive constante où se combinent jeux de matière, texture, reflets, illusion et détournement. Ainsi la « grande déchirure » (Big Rip), ce modèle cosmologique prédisant que la densité de l’univers se mettra à augmenter avec le temps, trouvera un écho tout particulier, d’une part dans le choix des œuvres, d’autre part par leur mise en tension à la Fondation d’entreprise Ricard.

Exacerber la réalité par la manipulation a minima de l’image, révéler des réalités que l’on dit fausses, mais finalement plus denses, plus profondes et surtout plus véridiques que le réel qu’elles sont censées refléter, les œuvres présentées ne cesseront de questionner l’origine des choses et leur représentation.

« Regarder une image, la regarder encore, lui ajouter, retirer ou simplement l’ajuster jusqu’à ce qu’elle soit comme libérée ». Les propos de l’artiste mettent ici en relief ce qui est le plus criant dans sa recherche : observer avec une intensité démente les choses qui l’entourent. Extraire un objet, une forme pour métamorphoser le réel, et lui conférer une dimension spectaculaire est bien le leitmotiv de cet artiste né en 1972 à Saint Cloud, qui, à peine sorti de l’école des beaux-arts de Paris en 2002 avec les félicitations du jury, reçoit le prix Gilles Dusein.

Pour l’exposition à la Fondation d’entreprise Ricard, Eric Baudart choisi de ponctuer le lieu d’éléments aux murs et au sol. Altérer l’espace au moyen d’éléments qui empruntent au virtuel et qui opèrent tels des bugs de la perception, c’est le cas de Wall Boxter (2002) : une étrange cavité dans le mur, un interstice sombre comme soulevé du mur, un orifice qui happe l’espace.

Cosmos (2008) participe d’une recherche plus méthodique qui consiste à parcourir le littoral de la Charente maritime à la recherche de « laisse de mer ». Des quantités impressionnantes de filets et de lignes perdues dans la mer viennent s’échouer tels de gros mollusques sur les plages. Matières synthétiques, végétaux et minéraux s’entremêlent à l’infini et représentent pour l’artiste la structure qui peut s’apparenter à celle de l’univers. Ces sculptures, installées au sol sur des plaques d’aluminium, créent un lien avec Méduse (2010) et la série des Crystal (2010), pour laquelle Eric Baudart a remporté récemment le prix Meurice. Ces pièces résultent d’un procédé chimique permettant à deux matières, le polyéthylène et l’eau de s’entremêler et de se délier en laissant apparaître d’innombrables « lames » pareilles à des cristaux. Ces sculptures ovoïdes quand elles sont au mur rappellent les formes miroiriques envisagées par Marcel Duchamp. Ces formes renvoient d’un plan à un autre, et cette mise en relation désigne ainsi l’horizon de pensée entre deux mondes hétérogènes. Plus complexe est le Panier de venus (2011), constitué de trois éléments : une cloche de verre, un squelette d’éponge des grandes profondeurs et un socle réalisé sur la base d’un dessin de plan de construction extrait d’un reader’s digest des années 50. L’éponge, aussi appelée « panier de vénus », et le socle sur lequel elle repose, se répondent à travers la complexité distincte l’une de l’autre de leur structure. La cloche rééquilibre l’ensemble et le sacralise.
Atmosphères (2011) est une installation qui s’apparente à une catastrophe domestique et nous rappelle d’hypothétiques expériences scientifiques. Des appareils ménagers trempés non pas dans de l’eau mais dans l’huile, non conductrice. Le sèche-cheveux mis en marche produit alors des ondulations, le frigidaire une gerbe d’huile solidifiée, le ventilateur tourne au ralenti et génère d’épais remous à la surface, la rotation du foret de la perceuse produit une dépression au centre de la surface huileuse…
Enfin, un tirage de grand format d’un papier millimétré de couleur bleue, semble donner une mesure à l’exposition. Mais si l’on s’approche on remarquera que la surface du papier est grattée, dénaturant alors la possibilité du calcul, de la mesure. Ainsi et de manière indéniable, Eric Baudart nous a entraîné dans une suite d’improbables images vraies, défiant parfois les lois de la nature, accentuant notre perception du monde. Un monde qui se veut aquatique et sensuel, et telle la méduse ayant fait son apparition il y a 500 millions d’années et pouvant s’apparenter aux images des rémanents de supernova, Eric Baudart se joue des réalités et de ses perceptions, transformant les éléments de notre quotidien en icônes dans une dilatation sémiotique du temps qui lui est cher.

Nathalie Viot, janvier 2011.

Artistes
Curator
Dates
11 février - 26 mars 2011
Horaires
Du mardi au samedi, de 11h à 19h
Lundi sur rendez-vous
Entrée libre
Visites
Visites commentées gratuites
mercredi 12h, samedi 12h et 16h
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