Katinka Bock. Der Sonnenstich
Visite virtuelle de l'exposition
Ancrée dans le champ de la sculpture, l’œuvre de Katinka Bock est toujours restée perméable à la production d’images, filmiques et surtout photographiques. La photographie constitue ce qu’elle nomme la « périphérie » de son travail : une pratique qu’elle développe en marge de celui-ci, mais qui fonctionne aussi, entre lui et le monde, comme un seuil, comme un espace de porosité et d’expérimentations. Depuis une dizaine d’années, cette pratique de la photographie s’est notamment épanouie dans les pages d’une série de publications contenant exclusivement des images : les One of Hundred. Souvent, elle apparait également au sein de ses expositions, en relation avec ses sculptures.
Der Sonnenstich est la première exposition de Katinka Bock à se focaliser sur son travail photographique. Produites à cette occasion, les quelque soixante-cinq photographies qui la composent – en grande partie des tirages en noir et blanc, mais aussi quelques tirages en couleur – réunissent des images prises entre 2015 et aujourd’hui, dont la plupart n’avaient jusqu’à ce jour jamais été exposées.
Réalisées dans un contexte familial, urbain ou naturel, souvent dans une grande proximité avec les sujets auxquels elles s’intéressent, ces images témoignent du regard « sculptural » que Katinka Bock porte sur les objets, sur les espaces, sur les corps, sur le vivant. C’est souvent l’observation de la singularité d’une forme ou d’une relation qui suscite chez elle l’élan d’une image. Comme pour ses sculptures, Katinka Bock travaille vite, de manière spontanée, soucieuse de capter quelque chose de la vitalité du monde et d’affranchir l’image d’un trop grand contrôle ou d’une trop forte intention. Le « retard » qu’implique nécessairement l’usage du procédé argentique – le temps nécessaire au développement puis au tirage – contribue, paradoxalement, à cette dynamique.
Dans l’exposition, les photographies de Katinka Bock sont présentées au sein d’un dispositif scénographique qu’elle a imaginé en réponse aux espaces de la Fondation Pernod Ricard. Celui-ci se compose de panneaux suspendus offrant chacun deux faces contrastées : l’une en tissu, chaude, texturée, mate ; l’autre en aluminium, froide, lisse, réfléchissante. Formant une ligne brisée, des pièces en céramique viennent quant à elles souligner les « bords » – une notion chère à l’artiste – de l’architecture du lieu.
Der Sonnenstich signifie « l’insolation » en allemand, mais une traduction plus littérale, s’attachant aux deux mots dont est composé ce terme, Sonne et Stich, serait : « la piqûre de soleil ». Emprunté à un récit écrit par le grand-père de Katinka Bock et repris dans un poème qu’elle a elle-même récemment publié, ce titre a intéressé l’artiste pour l’état de trouble, de gêne qu’il évoque, mais aussi pour sa référence au soleil, à la lumière. Il fait plus précisément écho ici à différents termes liés à l’histoire de la photographie qui, du « crayon de la nature » de William Henry Fox Talbot (1800-1877) au célèbre « punctum » (piqûre, point) de Roland Barthes (1915-1980) en passant par le mot « photographie » lui-même, ont fait de l’image photographique le lieu d’une inscription. « Piqûre de soleil » serait, pour Katinka Bock, une autre manière de dire « photographie ».
Christophe Gallois, commissaire de l'exposition
La publication
L’exposition est accompagnée d’un catalogue publié par Roma Publications (Amsterdam), mis en page par Roger Willems et contenant une introduction de Christophe Gallois et un essai de l’écrivaine et critique d’art australienne Amelia Groom commandé dans le cadre du dispositif TextWork de la Fondation Pernod Ricard.
(92 p., 24 x 31,5 cm. Anglais / Français. ISBN : 978946440346. 30€)
Photo : © Vue de l'exposition personnelle Der Sonnenstich de Katinka Bock, par Aurélien Mole
Courtesy de chaque photo : Katinka Bock ; Galerie Jocelyn Wolff, Romainville ; Meyer Riegger, Berlin / Karlsruhe ; Galerie Greta Meert, Bruxelles ; 303 Gallery, New York