" Ce texte est précieux. Source de première main, il offre une vision claire et lucide de la réalité (...) " 

"Mais il laisse aussi au lecteur la liberté d’en tirer les conclusions. La fraîcheur du témoignage parle d’elle-même, et ce livre est aussi utile pour le lecteur curieux que pour le chercheur spécialisé. »
Catherine Coquery-Vidrovitch

En 2011, Marie Voignier part au Sud-Est du Cameroun pour réaliser un film : L’Hypothèse du Mokélé-Mbembé. À la croisée de la fable et du documentaire, elle y suit un cryptozoologue français à la recherche d’un animal mythique le long de la rivière Boumba. C’est de cette expérience et de la rencontre de la population locale que nait la nécessité de La Piste rouge, celle de transmettre les récits vivants de l’époque coloniale et de ses traces.
Le Sud-Est du Cameroun, région enclavée et principalement composée de forêts tropicales, connue une histoire bien différente du reste du pays. L’économie locale de subsistance fut délibérément anéantie par les compagnies concessionnaires et l’État colonial qui mobilisèrent une exploitation forcée de la main-d’oeuvre locale, les savoirs ne se sont pas ou mal transmis et l’environnement fut définitivement marqué de l’empreinte de cette exploitation.
En rassemblant des entretiens menés avec des habitants de la région, Marie Voignier donne la voie à cette histoire telle qu’elle a été transmise localement et la met en résonance avec la retranscription de documents d’archives témoignant des débats entre députés et sénateurs en France sur le Code du travail en Outre-Mer, sensé mettre fin aux pratiques illégales. Les entretiens, fidèlement retranscrits, rendent compte des évènements tels qu’ils sont transmis, la manière dont ils ont été racontés et parfois transformés, oubliés. Par cette superposition des récits et des discours, Marie Voignier en soulève les ambiguïtés et vient complexifier cette histoire encore trop lissée et homogénéisée des récits des anciens colonisateurs.

Marie Voignier est une artiste qui dans son travail s’intéresse depuis plusieurs années aux formes et aux méthodes de l’anthropologie et du film documentaire. Ses films ont fait l’objet de nombreuses expositions en France et à l’International et ont intégré plusieurs collections françaises. Son travail est actuellement présenté à la Biennale de Venise, du 13 mai au 26 juillet 2017.