Clément Cogitore Centre Pompidou
Remise du Prix de la Fondation d’entreprise Ricard 2016.
Le Centre Pompidou accueille chaque année, depuis 2000, le Prix Fondation
d’entreprise Ricard qui récompense un artiste émergent de la jeune scène
française.
Les œuvres des lauréats, offertes par la Fondation d’entreprise Ricard au Musée national d’art moderne, enrichissent ainsi singulièrement ses
collections. Un jury de collectionneurs et de professionnels a attribué le 18ème Prix Fondation d’entreprise Ricard 2016 à l’artiste Clément Cogitore. Le prix a été décerné à l’occasion de l’exposition « Paris », conçue par Isabelle Cornaro, à la Fondation d’entreprise Ricard, en 2016. Deux œuvres ont été sélectionnées pour intégrer la collection du Centre Pompidou et représenter les deux facettes du travail de l’artiste : le court-métrage Parmi Nous (2011) qui est présenté dans le cadre de l’accrochage des collections contemporaines du musée et l’installation vidéo L’Intervalle de résonance (2016) déjà présentée au Palais de Tokyo du 13 juillet au 11 septembre 2016.
Clément Cogitore
Né en 1983 à Colmar, Clément Cogitore vit à Paris où il travaille. Après des études à l’Ecole supérieure des arts décoratifs de Strasbourg et au Fresnoy – Studio national des arts contemporains à Tourcoing, il a reçu le Grand prix du Salon de Montrouge en 2011, et bénéficié d’une résidence à la Villa Medicis à Rome, en 2012-2013. Il est représenté par les galeries Eva Hober à Paris et Reinhard Hauff à Stuttgart. Ses films et vidéos ont été présentés lors de festivals internationaux ainsi que dans de nombreuses institutions et musées, notamment au Palais de Tokyo à Paris ou au Museum of Modern Art à New York. Son premier long métrage Ni le ciel ni la terre (2015, durée 1h40) a été récompensé par le Prix de la Fondation Gan au Festival de Cannes. Il a également été nominé dans la catégorie « Meilleur premier film » au César du cinéma, et a reçu le Prix Henri Langlois, en 2016.
Clément Cogitore s’intéresse à la condition humaine, à l’exil ou aux faits divers qui lui permettent d’interroger notre perception de la réalité et ce qu’il appelle « le pacte de croyance » qui s’établit entre un récit et le spectateur. Créés à partir de scénarii, de mises en scène performatives, de montages vidéo composés de documents d’archives et de la photographie, ces récits fabriqués révèlent la part de l’insaisissable et du subjectif dans l’histoire et mettent en relief les différents rapports au monde qui coexistent. Pour Cogitore, « la fiction est une manière d’organiser le chaos et le mystère du monde. Et ainsi de cohabiter avec lui, avec son absurdité et sa brutalité. » (citation de l’artiste par Anaël Pigeat, dans la monographie « Atelier », éditée par Les Presses du Réel, en 2014, p.12).
Soucieux de ne pas s’enfermer dans un style particulier, Cogitore oscille entre les mondes de l’art vidéo et du cinéma dont le fonctionnement diffère et l’inspire : « Pour moi l’art contemporain ou l’art en général est à l’opposé de l’industrie du cinéma (…). Il y a certaines œuvres vidéo qui sont faites avec des petites équipes de tournage, comme il y a des pièces que je fais entièrement seul avec une toute petite caméra, du début à la fin. Cela me permet de réinterroger mon rapport à la fabrication des images, c’est-à-dire de
ne jamais m’enfermer dans une manière de penser, une manière de regarder le
monde, les comédiens, les gens, les paysages que je filme ; d’essayer à chaque
fois de trouver une forme qui soit la plus singulière par rapport à ce que j’essaie de mettre en place. ».
Parmi nous, 2011
Court-métrage, fiction
Tourné en 35mm, transféré en HD
Durée : 30 minutes
Kazak production (Paris), co-production France 2
Le court métrage Parmi nous a été tourné pendant le séjour de Clément
Cogitore dans le département du Nord, à proximité des camps de réfugiés à Calais, en 2010-2011. Ce séjour a été l’occasion pour lui de se confronter au sujet de la frontière et du flux migratoire déjà présent à cette époque, pour « (…) parler de la frontière, pas uniquement politique, la frontière tissée par le monde du citoyen et du non-citoyen, une frontière aussi plus symbolique, plus
spirituelle qui serait celle qui sépare les mondes des morts du monde des
vivants. » (1)
La fiction Parmi nous relate le destin d’un jeune clandestin afghan, Amin, qui souhaite rejoindre l’Angleterre. Il vient intégrer un campement sauvage dans la forêt, à proximité de la zone d’embarquement où les policiers et leurs chiens veillent à ce qu’il n’y ait aucun clandestin qui tenterait de se cacher sous un camion pour passer la frontière. On suit les conditions précaires de vie d’Amin, puis un soir, il tente encore une fois sa chance pour passer la frontière, mais se fait attraper par un chien. A son réveil, il se retrouve dans un appartement avec une jeune femme qui lui explique que la frontière aurait cédé.
L’Intervalle de résonance, 2016
Installation vidéo
Vidéo HD, couleur, durée 23 min.
Édition 1/5+2 EA
Production Palais de Tokyo /
Futur antérieur productions, avec le soutien de SAM Art Projects, la SCAM, le CNC-Dicréam et le DRAC Alsace
Inspiré par la citation de Marshall McLuhan « Une frontière n’est pas une connexion mais un intervalle de résonance », le titre de l’oeuvre L’Intervalle de résonance renvoie aux manifestations aux origines physiques inexpliquées, notamment la perception supposée de sons émis par les aurores boréales et l’apparition d’une formation lumineuse mystérieuse en Alaska. Dans les deux cas, les superstitions et les systèmes de croyance Inuit et Saami viennent perturber la recherche d’explications scientifiques, pour finalement être démontrés par un scientifique capable de croire et de s’intéresser à ces phénomènes.
Pour l’artiste, ce récit devient une sorte de métaphore de la
perception, du rapport entre perception et croyance et la réalité qui est
central dans son travail : « (…) il ne s’agit pas d’un documentaire sur ce
phénomène là et sur comment on arrive à démontrer ce phénomène mais d’une sorte de cut-up de ces différentes niveaux de lecture, des récits de rapport au monde qui, à un moment donné, se rejoignent autour d’un phénomène. » (Clément Cogitore)
Les oeuvres entrent ainsi dans la collection du Centre Pompidou, Musée national d’art moderne, après celles de Didier Marcel, Natacha Lesueur, Tatiana Trouvé, Boris Achour, Matthieu Laurette, Mircea Cantor, Loris Gréaud, Vincent Lamouroux, Christophe Berdaguer et Marie Péjus, Raphaël Zarka, Ida Tursic et Wilfried Mille, Isabelle Cornaro et Benoît Maire, Adrien Missika, Katinka Bock, Lili Reynaud-Dewar, Camille Blatrix, Florian Pugnaire et David Raffini, respectivement lauréats du Prix entre 1999 et 2015.