Entre deux
Patrick Javault reçoit Katinka Bock.
A moins de trente-cinq ans, Katinka Bock a déjà produit une œuvre importante et remarquée, exposant tant en France qu’en Allemagne, au Pays-Bas ou aux Etats-Unis. Issu d’une réflexion sur la forme, son travail de sculpture prend toujours en compte la nature et le contexte physique, historique et social des lieux qui l’invitent. Le champ de la sculpture s’étend pour elle d’un simple récipient à un morceau d’architecture, peut recouvrir une réalité massive et durable ou désigner un lent processus d’érosion ou de dissolution. C’est un art qui se souvient de la sculpture sociale et du process art mais qui croise aussi des pratiques artisanales et des histoires collectives. Chacune de ses expositions ramène à la surface une part d’histoire et invente sa temporalité. En septembre 2010, Katinka Bock a pris part à une exposition de groupe au Museum of Contemporary Art de Detroit, exposition faisant suite pour elle à une résidence. Le MOCAD est un cube de béton gris très sculptural que borde une route à six voies. Avec de la terre et quelques accessoires, l’artiste s’est nourrie de la réalité de la ville-moteur et tissé des liens avec une surprenante délicatesse. La manière dont Katinka Bock parvient à évoquer une réalité sociale n’est jamais immédiate, mais prend le chemin ou le détour d’une réflexion formelle. Son installation à Detroit s’accordait à la ville et au lieu plus encore qu’elle ne les reflétait.
Luis Croquer est directeur du MOCAD. Né au Salvador, il a fait ses études à Londres et a de l’art contemporain une vision très étendue. Curieux de la scène artistique française, Luis Croquer, passe par Paris pour parler du travail d’une artiste qu’il admire, mais aussi de Detroit et de son musée. Entre deux pays, deux continents, deux expositions, et avec au moins deux ou trois choses à se dire.