Frédéric Dumond / Karina Bisch et Thomas Clerc
Dans la suite du programme Fiction / Lectures performées, initié en 2008, la Fondation d’entreprise Ricard poursuit l’exploration de la parole publique à travers une nouvelle proposition : Partitions (Performances), conçue comme un séminaire ouvert de pratiques artistiques, puisant dans des savoirs annexes à l’art, ses références et/ou ses méthodologies.
Pour cette première rencontre de Partitions (Performances), Frédéric Dumond et Karina Bisch sont invités à réaliser une performance spécifique.
Frédéric Dumond / Glossolalie
Pour ouvrir cette nouvelle programmation, Frédéric Dumond propose une nouvelle étape de son projet Glossolalie, vaste entreprise d’apprentissage des langues minoritaires ou en voie d’extinction. La domination croissante d’une langue sur l’ensemble des autres tend à réduire l’expression de l’expérience du monde à une conception faussement universaliste qui serait commune à tous. Entre Linguistique et Ethnographie, Frédéric Dumond tente de s’extraire de sa langue pour épouser celles de l’autre, de les appréhender non plus seulement comme des langues «étrangères» mais d’en révéler les mécanismes structurels, les graphies singulières et les jeux de sonorités qui leur sont propres. A ce jour il a exploré l’arabe, l’arménien, le coréen, le wolof, le polonais, le shimaore, le hongrois, l’inuktitut et s’apprête, entre autre, à étudier le tingrinya, l’islandais, le vietnamien et le groenlandais. Pour cette séance, il performera à partir de plusieurs de ses langues.
Frédéric Dumond est né en 1967.
Artiste et écrivain, il travaille principalement autour du langage comme expérience de l’autre, déployant ses projets sous une variété de formats souvent associés : performances, installations, textes, pièces sonores, vidéos et programmations. Il est directeur de Mémoires et programmateur de formes d’écritures contemporaines à l’Ensci, Paris. Il a été curateur avec Emmanuel Adely de l’exposition « para doxa, hétérodoxies de l’événement », à la Galerie Villa de Tourelles à Nanterre en 2011/2012.
Karina Bisch & Thomas Clerc / Kiosk
Les performances de Karina Bisch prennent la forme de scénarios plus ou moins ouverts, souvent réalisés en collaboration avec d’autres : artistes, graphistes, critiques ou ici un écrivain,que l’artiste met en situation pour ne pas dire en scène, réalisant des costumes et des accessoires qui revisitent l’esthétique et l’esprit moderniste. Partant d’une œuvre en cours de réalisation dans le cadre d’une commande publique de la Ville de Lyon, n’existant pour l’instant qu’à l’état de maquette, l’artiste a invité l’écrivain Thomas Clerc à imaginer un texte qui en serait l’écho. Kiosk, la structure de Karina Bisch qui donne son nom à la performance, entre sculpture praticable et architecture est composée de huit éléments qui servent de point de départ à l’auteur pour imaginer un texte digressif en huit parties, intitulé Palissade.
Karina Bisch est née en 1974.
Le travail de Karina Bisch aborde l’héritage moderniste avec une distance critique, croisant les formes rigoureuses de l’abstraction géométriques ou du constructivisme avec l’esthétique Pop voire kitch, et les arts appliqués. Elle a exposé récemment au Magasin de Grenoble dans le cadre de l’exposition Tableaux où elle a présenté la performance Simultanées et au Tri postal de Lille dans l’exposition Collectors. En novembre 2011 elle a présenté une exposition personnelle à la Nosbaum & Reding gallery, Luxembourg.
Thomas Clerc est né en 1965.
Agrégé de lettres modernes, Thomas Clerc est écrivain et maître de conférence en littérature contemporaine à l’université de Paris X. Clerc édite en 2002 Le Neutre, cours au Collège de France de Roland Barthes. Il se fait connaître en 2005 en publiant une biographie de Maurice Sachs intitulée Maurice Sachs le désœuvré (éditions Allia) dans laquelle il explore le mythe de cet ancien compagnon de Cocteau. Il est aussi l’auteur des Écrits personnels, essai sur la difficulté de définir l’autobiographie, Paris, musées du XXIe siècle aux éditions Gallimard pour lequel il a reçu le prix Renaudot en 2007 et de L’homme qui tua Roland Barthes et autres nouvelles chez L’Arbalète / Gallimard en 2010.