L'Architecture en mouvements
Patrick Javault reçoit Louidgi Beltrame.
Architecture parlante, ce terme appliqué à Ledoux et souvent ressorti à propos des élèves de Las Vegas, pourrait s’appliquer à toute construction. Chaque bâtiment incarne une idée ou une absence d’idée, ou sert une idéologie. Reste à savoir écouter. En photographie, les Becher ont montré l’exemple d’une photographie qui du paysage industriel a su dégager des objets sculpturaux. Si le cinéma moderne (Resnais, Godard, Antonioni, Rohmer…) a su lire ou écouter de façon incomparable l’architecture de son époque, le cinéma pour l’exposition semble plus intéressé par l’architecture du passé (Dean ou Huygue, par exemple), qu’il s’agisse de constructions utopiques à demi oubliées ou d’édifices emblématiques de la modernité.
Louidgi Beltrame a depuis quelques années entrepris l’exploration de grands édifices ou ensembles architecturaux, incarnations ou mémoires plus ou moins vivantes de quelques grandes idées de la deuxième moitié du vingtième siècle. Après un aller-retour entre Brasilia et Chandigarh sur un mode semi-fictionnel, et une exploration de Gunkanjima, île et ville morte au large de Nagasaki, il entre aujourd’hui dans Pripyat, un Atomgrad, et zone d’isolation proche de Tchernobyl et aujourd’hui désertée.
S’il ne s’affranchit pas systématiquement du dialogue ou du commentaire, c’est par le mouvement des images et la combinaison des plans que Beltrame démonte les monuments en béton. Cela non seulement à des fins d’analyse mais aussi pour faire naître une forme de plasticité voire de monumentalité cinématographique. En compagnie d’Alexandre Costanzo, nous essaierons d’ajouter du mouvement au mouvement, si possible avec fluidité.
Exposition personnelle de l’artiste, « ENERGODAR », présentée à la Fondation d’entreprise Ricard du 19 novembre au 23 décembre 2010