Le trouble esprit des formes
Patrick Javault reçoit les artistes Berdaguer et Péjus.
« Psychoarchitectures », « Forêt épileptique », « Trou noir », « Traumathèque », ces quelques titres d’oeuvres de Berdaguer & Péjus laissent entrevoir un univers rien moins que serein. Empruntant à des sources très diverses qui vont de l’esthétique aux neurosciences en passant par la pychanalyse, Berdaguer & Péjus, mettent en jeu différentes constructions utopiques, en variant les angles d’attaque et la distance. Le visiteur de leur exposition « Insula », présentée l’année dernière à l’IAC, pouvait tour à tour se trouver témoin d’expériences à caractère scientifique, se croire transmetteur d’énergie, se reconnaître névrosé ordinaire, ou s’imaginer membre d’une communauté virtuelle. Contempler des mobiles inspirés des tests de Rorschach les pieds dans le sable et derrière des grilles, observer derrière un hublot une lumière ultra-violette germicide, se projeter dans un modèle de rocher furtif ou sous la table qui le porte pour disparaître, ce sont autant d’occasions de nous interroger sur notre désir d’exposition et sur ce qu’il faut donner pour l’assouvir. Les lieux de la culture ne sontils pas aussi des « jardins d’addiction » pour reprendre le titre d’une oeuvre de B & P?
Avec leur « Gue (ho) st House », spectaculaire métamorphose du bâtiment abritant les activités de médiation et le lieu de résidence des artistes à la Synagogue de Delme, Berdaguer & Péjus ont su montrer avec éclat une façon nouvelle de travailler avec la mémoire des lieux.
Marie Cozette, directrice de la Synagogue de Delme, viendra présenter l’histoire de cette maison de rêve et, peut-être, aura-t-elle de nouvelles questions à poser à ses concepteurs?