Neïl Beloufa
Patrick Javault reçoit l’artiste Neïl Beloufa.
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Dans son travail, Neil Beloufa ne se contente pas d’opérer par libre association d’images et d’idées, il ne cesse également de nous balader d’un plan à un autre. Quand il s’agit d’un film, les choses semblent à peu près simples, même si raconter le futur par des témoignages au présent, livrer aux interprétations de commentateurs divers (du scénariste à l’avocat) les vues d’hélicoptère d’une hypothétique scène de crime, ou bien raconter une histoire qui n’avance
pas à l’intérieur d’une voiture qui bouge à peine…amène à un minimum de réflexion sur les ressorts pas toujours soupçonnés de la narration. Mais les choses gagnent en opacité lorsque l’on approche des sculptures et installations qui peuvent faire penser à des éléments de décor, à des machines à trucages, invitant à opérer sur eux tantôt des plans larges ou, au contraire,
très resserrés, à mettre en avant la fonctionnalité d’un objet (siège, selle…) ou bien à valoriser la qualité d’un matériau (verre d’une façade, chrome d’un véhicule…), à faire ou à défaire le film. A l’heure où l’on parle beaucoup de l’exposition comme d’un format, Neil Beloufa va chercher dans et sur l’écran de quoi dessiner dans l’espace, marquer des trajectoires, avec énergie, goût et sens du brouillage.