Albert Moser
Exposition personnelle de l’artiste Albert Moser.
Albert Moser, né en 1928 à Trenton (NJ), est connu depuis une décennie pour ses panoramiques photographiques « bricolés » qui furent exposés à la Maison rouge et dans « Photo brut » aux Rencontres internationales de la photographie d’Arles de 2019. Mais Moser a surtout toujours été un dessinateur prolifique. Ces œuvres sur papier – dont il s’agit de la première exposition monographique – témoignent de la même obsession de l’espace que ses montages photographiques. Ils rendent compte, à leur manière, du vertige au travers duquel cet autiste tente de trouver sa place dans le monde.
Il a vécu jusqu’à l’âge de 60 ans avec ses parents – des immigrants juifs russes. Dans sa jeunesse – après avoir été envoyé avec l’armée d’occupation américaine au Japon – Albert a exercé quantité de petits métiers : laveur d’avions sur une base militaire, vendeur de bonbons, avant de travailler de longues années à trier le courrier d’une administration du New Jersey. C’est au retour de la guerre qu’il commence à s’exprimer tantôt par le dessin, tantôt par la photographie.
Mais quel que soit le médium, ses travaux témoignent invariablement de son besoin que les choses s’ordonnent selon un axe et un plan précis : il y a toujours un point nodal à partir duquel tout paraît se structurer. C’est cet œil du cyclone d’où sourd le rythme de la composition.
Il est évident qu’Albert se tient exactement là, au centre, qu’il est l’instigateur de cet ordonnancement. Sa manière d’être présent dans son œuvre, de l’incarner, en filigrane, agit comme une métaphore de celui qui cherche sa place dans l’espace, qui tente de bâtir un monde à sa mesure. Moser fabrique-t-il un remède contre le chaos qui menace ? Qui le menace ? L’hypothèse est tentante lorsque l’on sait le trouble et la distorsion perceptive auxquels il a constamment dû faire face dans sa vie.
Ses dessins – à la croisée de l’abstraction géométrique et de l’op art – ont en tout cas quelque chose de pulsatile, de résolument vivant. Seul prime le mouvement hypnotique, parfois fractal, parfois organique. Tandis que l’usage de couleurs stridentes, psychédéliques, font vibrer ses mandalas d’une énergie à laquelle il est facile de s’abandonner. Comme l’on s’abandonnerait à des incantations magiques, à des scansions sacrées.