The Ballad
La pratique sculpturale de Caroline Mesquita mêle la matérialité des plaques de cuivre et de laiton qu’elle altère, peint ou oxyde avec l’allégresse du théâtre et de la performance.
Ses expérimentations métallurgiques ont donné naissance à un ensemble de personnages à taille humaine, qui interagissent au cours d’une mise en scène élaborée à partir des plaques de métal sculptées, formant un environnement d’acier mat. Pour l’exposition The Ballad présentée à la Fondation d’entreprise Ricard, l’artiste a créé une série de douze personnages qui ponctuent l’espace en se faisant face, tandis que leur présence devant le spectateur brouille la frontière entre fiction et réalité, humains et mannequins. Il s’agit d’une procession, d’une forme de célébration publique, d’un moment de communion.
Une audace manifeste habite le geste de Caroline Mesquita, et son approche singulière de l’objet et du matériau caractérise sa démarche tandis qu’elle transforme des pièces de métal brutes en un ensemble sophistiqué de
sculptures colorées qui forment une joyeuse parade d’âmes dansantes. Le parcours de l’exposition est jalonné par de larges pièces d’acier sombre évoquant la paroi, les ailes et les réacteurs d’un avion disloqué, comme si l’engin s’était écrasé au milieu d’une zone désertique lointaine. Les débris de la structure métallique dessinent une toile de fond et un terrain de jeu pour les personnages sculptés, de possibles rescapés du crash. Dans la vidéo produite pour l’exposition et intitulée The Ballad (2017), l’artiste apparaît aux côtés de ses sculptures et l’interaction qu’elle provoque repousse les limites et réinvente de nouvelles formes de liens. Incarnant une myriade de personnages aux excentriques costumes et maquillages, personnifiant tantôt un pilote blessé, un adolescent disgracieux ou une élégante femme à l’aspect gothique, Caroline Mesquita met en question notre conception de la construction identitaire et de sa représentation, oscillant entre la tendresse et la violence, l’amour et le vice. Tandis que ses œuvres la câlinent et la caressent, puis l’attaquent et la blessent, la bande son de la vidéo révèle un orchestre de basses métalliques, de bourdonnements sourds et de cliquetis et tintements émanant des sculptures, procurant à l’ensemble la teinte d’un carnaval délicieusement pervers.
Martha Kirszenbaum, janvier 2017
* Un second volet du projet sera présenté au centre d’art 221A de Vancouver en avril 2017.