The broken wall

Vue de l’exposition « The Broken Wall », kamel mennour (28 avenue Matignon), Paris 8, 2019

 

© Robin Rhode

Photo. archives kamel mennour

Courtesy the artist and kamel mennour, Paris/London
Vue de l’exposition « The Broken Wall », kamel mennour (28 avenue Matignon), Paris 8, 2019 © Robin Rhode Photo. archives kamel mennour Courtesy the artist and kamel mennour, Paris/London
du 17 avril au 25 mai 2019

Exposition personnelle de Robin Rhode.

Violaine Boutet de Monvel : The Broken Wall, votre deuxième exposition personnelle à la galerie kamel mennour, fait suite à votre exposition a plan of the soul, pour laquelle vous aviez reçu le Zurich Art Prize en 2018 au Museum Haus Konstruktiv. Que présentez-vous à la galerie ?

Robin Rhode : Je présente trois ensembles photographiques récents issus de l’exposition à la Haus Konstruktiv, et d’autres, plus anciens. Ils ont tous été produits en extérieur, contre ce même mur laissé à l’abandon à Westbury dans la banlieue de Johannesburg en Afrique du Sud, où j’ai grandi. Je montre également une peinture murale qui fait écho à la trame géométrique qui apparaît dans Nigerian Sands (2018). La présence de ce motif dans l’espace d’exposition permet au public d’avoir une relation physique plus forte avec mon travail. Il active la surface des murs de la galerie d’une manière très subtile, comme un doux murmure qui brouille la notion d’espace fictif.

Quel est le processus derrière ces ensembles photographiques, dans lesquels les performeurs interagissent de façon ludique avec des dessins muraux figuratifs ou abstraits en cours de réalisation ?

Je travaille sur ce fameux mur à Johannesburg depuis sept ans. Mon équipe compte aujourd’hui une quinzaine de personnes, pour la plupart des jeunes de la communauté. J’esquisse et je développe toujours le concept derrière chaque oeuvre en amont. La notion d’interaction physique entre les performeurs et les dessins muraux est essentielle. D’une photographie à l’autre, il y a un glissement transitoire, presque spirituel, au cours duquel le dessin prend vie, respire, développe un pouls et une âme à travers l’engagement des performeurs.

Les séquences d’interactions, qui se déroulent respectivement dans ces oeuvres, se lisent souvent comme si vous catapultiez des corps dansants dans le champ des dessins. Quelle est votre relation avec la chorégraphie et la narration ?

Je n’ai jamais formellement étudié la chorégraphie, mais j’ai une grande admiration pour la danse et les arts performatifs. Je viens d’une société très gestuelle, où le mouvement du corps parle plus que les mots et transmet bien plus que le langage. Il brise les barrières de communication entre les cultures, en particulier lorsqu’elles sont aussi complexes que celles de l’Afrique du Sud. La narration se construit organiquement à travers le dessin. Chaque trait porte un élément de scénario et chaque photographie est un tremplin vers une narration plus large qui s’étend au-delà du cadre de l’image.

Le dessin et la photographie englobent ici de façon poétique vos performances, qui sont à la fois mises en scène et documentées. Quelle est l’importance de ces deux médiums dans votre pratique globale ?

Je ne considère ici la photographie qu’en termes de captation du dessin mural et de la performance qui l’anime. Le dessin est vraiment au coeur de mon esthétique. C’est le récit central autour duquel tout le reste gravite.
J’éprouve actuellement le besoin de créer avec tous les lexiques visuels à ma disposition et je flirte avec de nombreux médiums dans cette optique, mais mon vœu ultime est de dessiner, de devenir un peintre abstrait et de trouver la paix intérieure dans ce processus.

Le titre de cette exposition est tiré d’un essai de Sean O’Toole, dans lequel il établit des parallèles entre votre travail et la ville de Johannesburg, façonnée pendant l’Apartheid. Ayant déménagé à Berlin, croyez-vous que votre pratique se rapporte toujours au mur comme symbole possible de ségrégation ethnique ou politique ?

Mon travail a considérablement évolué depuis mon arrivée à Berlin, il y a dix-sept ans. En tant qu’artiste sud-africain, je me sens presque obligé de produire des oeuvres qui traitent de politique identitaire ou de décolonisation, des thèmes qui dominent la scène artistique dans mon pays. Cependant, en raison de la distance géographique, j’ai été amené à embrasser de nouvelles formes d’inspiration. Parmi elles, la théorie des couleurs, l’architecture et les mathématiques ont été pour moi une bouffée d’air frais, loin du trop politique, mais j’utilise toujours l’humour pour me jouer des aspects du pouvoir.

Né en 1976 à Cape Town (Afrique du Sud), ROBIN RHODE vit et travaille à Berlin (Allemagne). Son travail a été présenté au sein de nombreuses expositions personnelles et collectives dans de prestigieuses institutions à travers le monde : le Musée Haus Konstruktiv, Zurich ; le Haus der Kunst, Munich ; le Los Angeles County Museum of Art (LACMA) ; le Museum of Modern Art (MoMA), New York ; la National Gallery of Victoria, Melbourne ; le
Hamburger Bahnhof – Museum für Gegenwart, Berlin ; le Centre Pompidou, Paris ; le Wexner Center for the Arts, Columbus ; la Hayward Gallery, Londres. Il a participé à la 51ème Biennale de Venise, la Biennale de Sydney et la
Biennale de La Nouvelle-Orléans. Ses oeuvres font partie de maintes collections publiques : le Centre Pompidou, Paris ; la Julia Stoschek Collection, Düsseldorf ; LVMH Moët Hennessy – Louis Vuitton, Paris ; la National Gallery
of Victoria, Melbourne ; le musée Solomon R. Guggenheim, New York ; le Museum of Modern Art (MoMA), New York ; le Walker Art Center, Minneapolis.
Robin Rhode a été le onzième lauréat du très reconnu Zurich Art Prize en 2018.

Dates
17 avril - 25 mai 2019
Horaires
Du mardi au samedi, de 11h à 19h
Lundi sur rendez-vous
Entrée libre
Visites
Visites commentées gratuites
mercredi 12h, samedi 12h et 16h