ENERGODAR

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du 19 novembre au 23 décembre 2010

Après Brasilia et Chandigarh, Louidgi Beltrame prolonge sa cartographie personnelle et poétique de l’architecture moderne sur le territoire de l’ex-URSS.

L’exposition Energodar propose un ensemble d’œuvres inédites conçues à partir d’un voyage tant spatial qu'(in)temporel sur les routes ukrainiennes relayant les villes « Atomgrads ». Film, wall-painting, gravures et dessin d’architecte composent cette exposition en quête d’une représentation possible de ce monde en suspens immergé dans un présent figé, dépossédé de ses utopies passées.

L’exposition démarre de façon silencieuse sous forme d’hommage au rock soviétique des années 80. Le wall-painting situé à l’entrée de l’exposition rejoue à l’échelle du mur une des pochettes mythiques du groupe russe Kino, Eto nie Lioubov (Ceci n’est pas de l’amour). Le style graphique de la pochette proche de celui du rock occidental des années 70 pose dès l’entrée la question des sources et de leurs connections. Mais rapidement Kino devient comme une des portes d’entrée possible dans l’imaginaire de l’artiste qui utilise certains de leurs morceaux pour la bande son d’Energodar, son nouveau film projeté dans le même espace. Conçu à partir d’images tournées en Ukraine durant l’été 2009, Energodar invite le spectateur, pendant 36 minutes, à une errance urbaine alimentée de sources sonores diverses mêlant création inédite, archives russes et britanniques et récit personnel relatant plusieurs événements des années 70 et 80. Si le film démarre sur l’image d’une des dernières statues de Lénine dominant le barrage hydroélectrique de Zaporizhia il s’achève sur celles de plus en plus oppressantes du radar, aujourd’hui inactif, « Russian Woodpecker ». Energodar qui signifie le don de l’énergie évoque en creux la déchéance énergétique à l’œuvre aujourd’hui dans ces régions. C’est également le nom d’une de ces villes dortoirs, situées à proximité des centrales nucléaires, les villes «Atomgrads», témoins des vestiges passés de certaines conquêtes urbaines et scientifiques du temps où, comme l’explique Victor, le narrateur, les travailleurs de l’atome étaient considérés comme de véritables héros juste après les cosmonautes. Leur identité de villes planifiées selon un modèle urbain identique évoquant l’idée benjaminienne d’une architecture à l’ère de sa reproductibilité technique recoupe tout particulièrement les préoccupations de l’artiste. Par ailleurs leur histoire récente et tragique a fait de ces espaces géométrisés des lieux à la fois organisés et en même temps totalement à l’abandon. Ainsi Pripyat (cité satellite de la centrale nucléaire de Tchernobyl désertée suite à la catastrophe), ville pilote et matrice architecturale des années 70, offre un univers fantomatique et figé tel une sorte de Pompéi contemporain. Une fois de plus Louidgi Beltrame transforme la ville en personnage principal de son film dont les humains ne font que traverser le cadre comme dernier recours à une possible réalité. A la manière d’Italo Calvino parcourant les villes invisibles absentes de tout atlas, Louidgi Beltrame nous emporte dans une déambulation secrète entre urbanisme et paysage nourri de ses rencontres avec l’architecture et son potentiel cinématographique. Stalker, le personnage de Tarkovsky, dont on guette l’apparition pour entrer dans la zone, semble hanter cet ovni visuel qui s’achève sur des images de nature exubérante suggérant à la fin une reprise de ses droits sur la planification urbaine.
Souhaitant renverser la chronologie et modifier la structure de l’exposition à l’image du film, l’artiste choisit délibérément de finir par le début. Dans la dernière salle une série de six plaques de cuivre revient sur les sources du projet, son point de départ. Extraites des actes du Septième Congrès de l’Union Internationale des Architectes, à La Havane en 1963, sur la reconstruction des villes, six photos à la composition post-constructiviste, entre image technique d’architecture et propagande, sont reproduites selon un procédé analogique et entropique rendant visibles les marques du processus de production. Potentiel support pour l’édition d’affiches de propagande les plaques apparaissent comme les outils désactivés d’une société paralysée.
Depuis les années 60 on assiste à un changement radical de la définition de l’objet sculptural. En effet même les sites en ruine deviennent sculptures et le spectateur est invité à contempler des exemples d’architecture et de sculpture dans un état de délabrement et d’entropie avancé. Superposant différentes strates d’Histoire et d’événements tant architecturaux, musicaux, culturels, idéologiques que politiques Louidgi Beltrame évacue tout fil narratif et se pose, avec le spectateur, comme témoin en retrait d’une certaine réalité. Au tournant des années 90, l’écrivain Antoine Volodine, forgea le concept de post-exotisme afin de ne pas être instantanément classé dans la Science-fiction. Ce concept, totalement creux au départ, véhicule aujourd’hui des problématiques liées à l’espace carcéral, à l’échec des luttes révolutionnaires, aux utopies et à leurs dégénérescences… Ni scientifique, ni fictionnel, ni documentaire, ni journalistique et tout cela à la fois, Energodar génère également sa propre indépendance et sa légitimité.

Claire Staebler, novembre 2010

L’exposition a reçu le soutien du CNAP, de la Ville de Paris et de l’Ecole Nationale Supérieure d’Art de Bourges.

Dates
19 novembre - 23 décembre 2010
Horaires
Du mardi au samedi, de 11h à 19h
Lundi sur rendez-vous
Entrée libre
Visites
Visites commentées gratuites
mercredi 12h, samedi 12h et 16h
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