FAUST IN MARIENBAD BY PARIS 2019

Kaoru Arima, Nasty Looking, 2019, Oil on canvas, 18 × 14 cm (7 1/8 × 5 1/2 inches)
Kaoru Arima, Nasty Looking, 2019, Oil on canvas, 18 × 14 cm (7 1/8 × 5 1/2 inches)
du 7 septembre au 5 octobre 2019

Une exposition personnelle de Kaoru Arima.

ÉDOUARD MONTASSUT 

KAORU ARIMA 

FAUST IN MARIENBAD by Paris 2019 

7 septembre – 5 octobre 2019 

Kaoru Arima réalise des portraits impressionnistes de petite taille. La peinture colorée est appliquée par touches sur un fond peint en noir dont la forme carrée rappelle le Polaroid. Il arrive que la peinture déborde un peu du fond ce qui donne à au visage un côté blobby intrusif cool, et rappelle que le portrait, forme académique par excellence, est historiquement liée à l’invention du fond. Les portraits peints de Arima ont des titres qui touchent à la personne : des prénoms comme « Pokan » ou « Po », des notions comme « Over There » ou « The Last Person », ou encore des commentaires genre « Nasty Looking » ou « Dirty Blonde ».
Les visages peints en close-up de Kaoru Arima sont méconnaissables. Ils sont dark—mais sans pathos. Le fond noir sur lequel ils sont peints donne aucune indication de contexte, et évacue la machinerie des mirages contemporains auxquels, éventuellement, leur fluidité aurait pu les rattacher. Exécutés dans l’éclair du flash comme s’ils allaient disparaître ou se fragmenter l’instant d’après, ces portraits sont picturalement instables. Ils ont la particularité d’être réalisés depuis deux points de vue simultanément : autant depuis le selfie que depuis l’autre côté de ce qu’il paraît. Amalgamés dans les petits portraits de Arima, ces deux points de vue évoquent la question de l’interdépendance entre l’image de soi et l’image à soi qui est au coeur de l’économie de la gestion de son profil sur les réseaux sociaux. Le fait que dans les peintures de Arima les yeux soient tous carbonisés ou crevés laissent entendre que le sujet de cette interdépendance entre l’image de soi et l’image à soi va vers l’expropriation de soi qui commence par la perte des yeux.
Les portraits de Arima inventent un lieu pour la perte du visage, et ils ménagent un lieu pour que cette absence devienne efficace. Chaque peinture de Arima atteste de ce mouvement et le cristallise. L’efficacité picturale de ces portraits tient d’une part, dans la rapidité d’exécution qui donne à ces visages une coriace intensité, et, d’autre part, à l’ablation des yeux qui rend interchangeable la surface et le fond, et laisse entendre que toute image de soi est aujourd’hui en instance d’autocompost.
Plusieurs petites sculptures de sensation ponctuent l’exposition en s’intercalant entre les portraits. Intitulées « Sprout of Empty set », ces traces de pressions du poing dans de l’argile à papier blanche (mélange d’argile, de fibres, de cellulose et d’eau) sont des sculptures murales haptiques qui représentent la volonté que nous avons, à voir dans elles, ce que nous voulons y voir, en les touchant. Enfin, un portrait-masque légèrement boursouflé de Faust / taille enfant, lui aussi réalisé en argile à papier blanche, exhibe deux orbites et une bouche vides ou dépouillés, selon qu’on se place devant ou dedans.
Alexis Vaillant

Dates
7 septembre - 5 octobre 2019
Horaires
Du mardi au samedi, de 11h à 19h
Lundi sur rendez-vous
Entrée libre
Visites
Visites commentées gratuites
mercredi 12h, samedi 12h et 16h