HARMONIE INCONNUE

Dimitris Dimitriadis - Sans Titre - 1999 - Aquarelle sur Papier
Courtesy de l'artiste, Dominique Fiat, Paris et Barbara Polla, Genève
Dimitris Dimitriadis - Sans Titre - 1999 - Aquarelle sur Papier Courtesy de l'artiste, Dominique Fiat, Paris et Barbara Polla, Genève
du 15 septembre au 23 novembre 2019

Dimitris Dimitriadis, Andreas Angelidakis  Pavlos Nikolakopoulos, et vidéos de Charalambos Margaritis, Marina Gioti, Raymundo,

Dimitris Dimitriadis est un homme de théâtre dont l’œuvre est dévorée par le désir et dont les mots sublimes et terribles élisent le désir en maître cruel.
Ecrivain de monologues de scènes inoubliables (Je meurs comme un pays), il est un traducteur infatigable (Bataille, Blanchot, Beckett, Deleuze, Duras, Genet, Nerval…), un poète à feu et à sang. Dimitris Dimitriadis est une âme tendre. Sa tendresse, il la dessine, et ses milliers de dessins constituent une Harmonie Inconnue (D’un autre siècle, titre d’une de ses œuvres de 1992). Cette Harmonie Inconnue d’une douceur d’ailleurs, exprime « tout ce qui est irréalisable et qui este irréalisable, pour que cette harmonie demeure inconnue, c’est-à-dire vitale et inépuisable, jusqu’à la fin infinie des autres siècles. » On y trouve des cieux cléments d’arcs en ciel et d’envols, des pluies tièdes, des animaux magiques à la chair heureuse. En écho à la richesse inouïe, au foisonnement de l’œuvre de Dimitris Dimitriadis, face au corps à corps charnel de l’homme mûr, l’abstraction de Pavlos Nikolakopoulos, artiste d’une génération plongée dans le présent, offre une musique silencieuse, un rythme distancié, l’élégance du déséquilibre – ou du « presqu’équilibre ». Mouvement suspendu au bord du précipice, moment suspendu du « presque rien si ce n’est l’essentiel », les œuvres de Pavlos Nikolakopoulos proposent un moment de grâce parmi les crises. Une harmonie intemporelle de l’asymétrie.

Programmation vidéo HARMONIE VIDEO
La vidéo, medium de longue date défendu par Dominique Fiat comme par Barbara Polla, trouve tout naturellement sa place en regard de deux acteurs majeurs de l’exposition, Dimitris Dimitriadis et Pavlos Nikolakopoulos, avec trois œuvres vidéo de Marina Gioti, Charalambos Margaritis et Raymundo.

Marina Gioti
As to Posterity, 2014 – Video
Photography, Editing, Sound: Marina Gioti
Additional Photography: Yiannis Kanakis
Sound Mix: Stefanos Konstantinidis

Des lieux qui parlent d’absence. As to posterity filmé par Marina Gioti sur un temps long de trois ans, montre une Athènes certes lumineuse et colorée, mais vidée de toute présence humaine. Avenues, places publiques, lieux de travail et de divertissement sont désertés, laissant place à des tableaux de
béton armé, de débris de métal et de plastique coexistant avec la flore locale.

Reste le chant des oiseaux, des chiens errants qui aboient au passage de quelques fantômes. Tournée à différentes saisons et à différentes heures de la journée, la vidéo de Gioti applique librement la méthodologie de Smithson consistant à documenter une expérience: la parodie d’un récit
de voyage urbain dans son lieu de naissance. Entre science fiction et mystère archéologique, l’œuvre laisse deviner le destin inconnu des protagonistes insaisissables du film : le manifeste par l’absence des Athéniens.

Et dans cette absence s’installe une harmonie inconnue…

Charalambos Margaritis
La vidéo créée tout spécialement pour l’exposition par Charalambos Margaritis est un film d’animation non linéaire. Selon Ülo Pikkov, pour considérer quelque chose comme une animation, il faut construire une séquence d’images fixes lesquelles, vues en succession rapide, créent l’illusion du mouvement. En passant à l’époque numérique, le film a gardé le déroulement linéaire du film pré-numérique. Au lieu d’être imprimé sur une pellicule, le film est désormais codifié dans un fichier qui contient l’ordre
défini des plans, qui reste tel quel. Ce qui nous échappe de fait est la nature même du film. Désormais, la linéarité de la succession d’une séquence d’images n’est plus imposée par la nature physique de la pellicule. La construction d’un film n’est en fait qu’une simulation numérique de la fonction de la pellicule. Pour échapper à cette simulation, l’artiste a créé un logiciel pour permettre au film de se créer de façon autonome, chaque plan est aléatoirement accolé à un autre plan, cherchant ainsi à définir une harmonie inconnue qui échappe aux mains de l’artiste. Cette mise en scène crée une œuvre libre en constante métamorphose.

Raymundo
Floating Line, 2019 – Video

Une pensée est une idée de passage. Perama, dans laquelle Floating Line a été tournée est une ville portuaire proche d’Athènes, dont le nom signifie « passage ». Autour des concepts de transition, de franchissement et de couloir des images se sont construites. Comment ces images (de synthèse ou de captation du réel) peuvent-elles traduire ou imiter la notion de frontière ? Celles invisibles du mental, de la séparation sociale entre centre urbain et périphéries délaissées ou celles visibles entre terre et mer ?
Floating Line tente, par des prises de vues autonomes dans des transports en commun tels que bateaux ou autobus, de peindre une ligne de flottaison entre la lenteur marine et le passage rapide urbain des corps. Une harmonie impossible, peut-être.

Dates
15 septembre - 23 novembre 2019
Horaires
Du mardi au samedi, de 11h à 19h
Lundi sur rendez-vous
Entrée libre
Visites
Visites commentées gratuites
mercredi 12h, samedi 12h et 16h