INSTANTS OF CHANGE

Pour sa deuxième exposition à la galerie, Luka Fineisen poursuit ses recherches autour de l’espace, de la matière et du corps tout en y faisant apparaître des figures ce qui est pour elle une nouvelle et passionnante approche. Elle crée un univers qui joue sur les contrastes, tout en blanc et noir, à la fois léger et pesant, tendre et brut. Celui qui y pénètre devient lui-même une figure de cet espace dans lequel son corps se confronte au doux et à l’étrange. Une forme non identifiable l’accueille. Organique et sombre, elle semble encore en mouvement, dégoulinant, essayant de ramper jusqu’au sol. Tandis que dans les airs, un voile léger et transparent, comme porté par le vent, invite à avancer jusqu’au point où il touche terre, au cœur de l’alcôve. Bien qu’elle soit à la vue de tous les regards, une femme seule (Realization), contemplative, ses jambes pendantes se transformant en une goutte transparente, symbolise le changement, le lâché prise, une nouvelle idée ou pensée naissante. Ses pieds, sur lesquels elle se tient habituellement, se dissolvent, comme si elle était portée à présent par des appuis désormais évidents et naturels. Un homme (With ease) dont seuls la tête et les pieds sont à l’air libre est quant à lui immergé dans un liquide transparent comme figé dans un bloc de glace. Malgré tout, de sa main gauche, plutôt que de la droite, s’échappent de fines et délicates bulles. Au sein de cet espace habité, le visiteur fait ainsi la rencontre d’une multitude de petits univers, des mondes confinés qui figent des états, des situations… Ici un homme qui tend la main pour attraper du miel, au mur un morceau d’une délicate tendresse, une poignée de matière indéfinissable posée là, blanche comme neige, appétissante (Unconditionally). Non loin, deux Demons, chacun dans son propre cosmos, cherchent à se réunir tandis qu’une femme piégée dans ses propres pensées porte un poids sur ses épaules. Dans ces moments suspendus, on perçoit l’opulence de la matière, son potentiel en pleine expansion fait cependant face à un minimalisme et à une atmosphère ascétique. Autonomes, racontant chacun sa propre histoire, tous ces univers s’associent aussi dans le flux d’une seule et même mise en scène. Défiant les lois de la gravité, ces mondes flottants, fondants, sont autant d’occasions pour l’artiste de rendre possible l’impossible et avant tout de capturer un instant de changement, une matière en transformation, et ainsi les conserver. Saisir l’instant présent pour qu’il ne disparaisse jamais : Instants of change.