ORPHEUS HOT / ORPHEUS COLD
Une exposition personnelle de Scoli Acosta.
Scoli Acosta Orpheus Hot / Orpheus Cold 10 Septembre – 19 Octobre 2019
Scoli Acosta est un conteur, un chineur d’objets et de récits. Il est né dans le « Golden State » à Los Angeles, au pays de l’abondance. Empreint d’une très forte conscience écologique son travail se construit à partir de ce qu’il défini comme une « esthétique des ressources ». Ancré dans le quotidien, il travaille avec ce qu’il trouve : il récupère, transforme, recompose les objets comme les histoires… Faisant généralement tout lui-même, avec sensibilité et une grande habileté manuelle, il développe un processus créatif entrelacé où chaque œuvre appelle la suivante, où des correspondances improbables et parfois magiques se tissent mettant en lumière le caractère interdépendant des choses et des situations… Scoli Acosta développe ainsi une poétique de l’ordinaire très personnelle tout en donnant à son travail la structure d’un récit onirique.
L’exposition Orpheus Hot / Orpheus Cold, s’articule autour du mobile Night considéré dès le début comme une oeuvre centrale du projet et réalisé à partir d’images agrandies de mains de skateboarders en plein vol. Ces mains, découpées aux ciseaux dans des magazines, sont ensuite scannées, imprimées sur toile et tendues sur des fûts de tambours. Elles parlent pour le corps entier, elles sont à leur place, en équilibre, comme le mobile.
« Se déplacer d’une pièce pour entrer dans la seconde m’a fait penser à un voyage. Traverser Night (mobile) ne peut que nous mener vers la lumière… Un voyage, le voyage mythique d’Orphée, à travers le monde souterrain, traversant les limbes pour retrouver son amour Eurydice… Se réveiller lentement et s’entendre dire au serveur que l’on se nomme Orphée. »
Le rétroviseur brisé Over/Under/Under/Over est une allusion au moment où Orphée, quittant le monde des ténèbres pour rejoindre celui de la lumière, se retourne condamnant alors Eurydice à demeurer dans les enfers du monde souterrain. La main, comme en écho au Night (mobile) semble également glisser d’une pièce à l’autre, de la nuit au jour.
L’oeuvre Hades Cornucopia tisse un nouveau lien dans l’exposition. Ce masque mortuaire du 19ème siècle « l’Inconnue de la Seine » semble être un substitut au personnage d’Eurydice. Repêchée dans la Seine, personne ne réclama le corps de la jeune femme noyée mais on la trouva si belle qu’on réalisa un masque mortuaire, elle devint ainsi populaire auprès du grand public comme des artistes de l’époque, chez Rilke et Man Ray notamment. Dans les années 50, ce visage anonyme servit aussi de modèle pour « Resusci Anne », le buste de réanimation utilisé pour les entrainements au massage cardiaque. La corne ou corne d’abondance attachée à sa tête est un symbole d’Hadès. Mais l’objet évoque également le cornet qu’on utiliserait pour aider à entendre, pour aider Eurydice à écouter les chants d’Orphée…
« A l’origine des peintures sur parchemin se trouve une réflexion sur les surfaces peintes et la toile tendue en particulier. Une fois les contours des parchemins tracés, cela me paru médiéval et me rappela une scène à l’époque où je vivais en Allemagne au milieu des années 90. Lors d’une éclipse solaire, les gens enduirent des morceaux de verre de suie de bougie afin de les utiliser comme filtre pour pouvoir regarder directement le soleil. Cela aussi me paru médiéval. J’ai décidé de commencer chaque peinture de parchemin par un cercle de feuille d’or et de le couvrir de suie de bougie. Ensuite, je crache dessus comme une sorte d’activation de la surface et j’utilise la suie et le crachat comme matière pour dessiner. L’idée a évolué et à présent je débute aussi avec des feuilles d’argent en référence à la lune. Initialement, je souhaitais que ces peintures de suie et de feuilles soient de petits poèmes, mais elles sont devenues picturales également. »
L’exposition est ainsi traversée par de multiples dichotomies, homme et femme, chaud et froid, nuit et jour… Par exemple Sum of Its Parts est composé de la rencontre de deux pentagones (un noir et un blanc) conduisant à l’apparition d’un troisième élément. Hearth Spring est une boite dorée hérissée de pailles et de filtres de cigarettes, synthétisant deux des éléments les plus élémentaires, le feu et l’eau… Les deux peintures de buste évoquent la relation entre intérieur et extérieur du corps en s’attachant en particulier au cou ou à la gorge. Les colliers délimitent l’espace dans lequel nous vocalisons nos idées intérieures et où le souffle circule de l’extérieur vers l’intérieur et de l’intérieur vers l’extérieur. Effaçant parfois la différence entre les deux comme dans la peinture du soleil couchant sur l’océan (Sans Soleil Sold Out, SAMO Pier (collar)), ou celle figurant le soulagement interne d’une aspirine effervescente rendant le monde un peu plus facile à supporter (Effervescent (collar)).
Scoli Acosta est né en 1973 à Los Angeles aux Etats-Unis, où il vit et travaille. Lauréat du Prize Perrier-Jouët for Best Artist 2008 à ZOO ART FAIR (Londres), il est diplomé du Kansas City Art Institute (1994) et de la Ultimate Akademie, Cologne (1997). Plusieurs expositions personnelles lui ont été consacrées : au Museum of Contemporary Art de San Diego 2013 ; à l’Armory Center for the Art, Passadena, Californie, 2011 ; au FRAC Basse Normandie, 2011 ; à Laxart Los Angeles. Son oeuvre est présente dans les collections du LACMA, Los Angeles ; Jumex Colección, Mexico ; MOMA, New York ; Rubell Family Collection, Miami ; FRAC Provence Alpes Côte d’Azur ; FRAC Pays de la Loire, CRAC.