Partenaire Particulier

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du 23 avril au 1 juin 2006

La deuxième étape de « Partenaire Particulier » propose des installations, objets, ou dispositifs de face à face humain qui s’adressent à un seul spectateur à la fois, qui le plongent dans l’oeuvre ou le connectent à celle-ci et parfois même lui fournissent le point de vue à adopter.

« Partenaire Particulier » 2ème volet souligne par le biais d’une visite singulière les stratégies d’une adresse privilégiée mise au point par les artistes. Pas de vernissage donc mais des séances privées où chacun pourra à tour de rôle incarner cet unique spectateur, soustrait aux regards témoins, dans une exposition qui ne semble se jouer que pour lui. Et retrouver ainsi cette position tant convoitée de l’hisorien de l’art qui visite en solitaire l’exposition les jours de fermeture.

 

 « L’enjeu intéressant pour un historien est celui de l’intimité de la peinture. Je parle ici comme un historien de l’art qui va voir les expositions quand elles sont fermées au public. Car le problème c’est qu’ à force de rendre ces tableaux visibles par le plus grand nombre possible, il en découle qu’on les voit de moins en moins. »

Ce constat dont témoigne l’historien de l’art Daniel Arasse fait écho, encore aujourd’ hui, à une économie de l’art omnibulée par la rentabilité de ces expositions sensées attirer un nombre toujours croissant de visiteurs. Soit une logique consommatrice, de l’audience et de l’audimat qui tend à pervertir le champ de l’art contemporain et contre laquelle certains artistes s’efforcent de résister à travers des dispositifs à spectateur unique.
Ces œuvres solitaires et « claustrophiles », naturellement anti-conviviales, présupposent un scénario antérieur au lieu de monstration qui s’achève par l’affirmation d’un espace symbolique, dernier bastion autonome et privé, investi par une succession d’individus. Plus question cette fois-ci de rassembler une     « communauté » dans le lieu d’exposition ou dans l’œuvre mais bien de forger une « communauté    différée », soit un ensemble d’individus dont le point de convergence n’est pas le partage en direct d’une même expérience, mais le partage à posteriori de cette expérience vécue en solitaire (une thématique qui fait largement écho à la multiplication des blogs et autres forums sur Internet qui se sont développés ces dernières années et regroupent des communautés diffuses qui ne se basent plus sur une quelconque proximité temporelle ou spatiale). À travers une réflexion sur les notions d’échelles, de restriction d’espace, d’anti-monumentalité – pour les plus évidentes – mais également sur la question du protocole ou du point de vue, ces dispositifs à spectateur unique induisent une redéfinition systématique du territoire du spectateur et par là même de son statut.

En mettant en place les conditions d’une visite radicalement singulière (puisque le spectateur se retrouve seul dans l’espace), l’exposition elle-même propose de mettre en abyme les enjeux contenus dans les dispositifs à spectateur unique, dont elle présente ici différents modèles. A commencer par les espaces fermés mais pénétrables avec la boîte de nuit de Bernhard Martin pour un seul clubber, l’installation schizophrène de Thomas Lannes qui invite à un dialogue aveugle et aléatoire entre deux visiteurs qui ne se rencontreront pas, ou la cabine de spiritisme d’Olivier Dollinger dans laquelle un médium vous accueillera pour une communication inédite avec l’au-delà. Tandis qu’il sera question d’intime chez Alice Anderson dont le lit à baldaquin vous invite à plonger dans  quelques unes de ses réminiscences oniriques ou chez Marcelline Delbecq qui offrira un livre unique écrit à la main et enfermé sous vitrine au spectateur le plus convaincant – celui qui lui fera la proposition la plus extraordinaire pour l’acquérir. Leandro Erlich quant à lui se penche sur la question du point de vue et du voyeurisme et rejoue à sa manière le fameux Etant donnés de Duchamp qui conviait le spectateur à regarder à travers un trou de serrure. Ailleurs, le spectateur se retrouvera pris en otage par un automate qui exécutera sur commande la lecture d’extraits du livre Œuvre d’Edouard Levé, devenant ainsi le seul détenteur du temps donné à une partie qui ne peut se jouer sans lui. Enfin, la vidéo d’Elodie Pong, qui retransmet une série de performances réalisées entre 2001 et 2003 où les visiteurs étaient appelés à dévoiler un de leurs secrets, réunit plusieurs des problématiques soulevées par les dispositifs à spectateur unique, soit la question du protocole – un mode   d’emploi drastique indique la démarche à suivre -, de l’attente, du face à face avec l’artiste – évaluation du prix du secret – et du contrat – négociation des conditions de monstration : voix cryptée ou visage pixellisé.
« Partenaire Particulier » nous offre autant d’expériences tour à tour ludiques, intimes et dérangeantes au  cours desquelles le spectateur se verra accrédité ou dépossédé du rôle de maître des lieux.

Claire Moulène & Mathilde Villeneuve

Dates
23 avril - 1 juin 2006
Horaires
Du mardi au samedi, de 11h à 19h
Lundi sur rendez-vous
Entrée libre
Visites
Visites commentées gratuites
mercredi 12h, samedi 12h et 16h
Alice Anderson, "Nights & Days" Lit à baldaquins avec écran diffusant 7 vidéos extraites de la série: "ALICE ANDERSON’S JOURNAL" courtesy Galerie Yvon Lambert photo : Marc Domage
Alice Anderson, "Nights & Days" Lit à baldaquins avec écran diffusant 7 vidéos extraites de la série: "ALICE ANDERSON’S JOURNAL" courtesy Galerie Yvon Lambert photo : Marc Domage
Thomas Lannes, 2006 installation photo : Marc Domage
Thomas Lannes, 2006 installation photo : Marc Domage
Leandro Erlich, "Neighbors", 1996, 120 x 210 x 140 cm, courtesy Galerie Emmanuel Perrotin photo : Marc Domage
Leandro Erlich, "Neighbors", 1996, 120 x 210 x 140 cm, courtesy Galerie Emmanuel Perrotin photo : Marc Domage
Bernhard Martin, "Single Disco", 1999, installation Courtesy Frac Bourgogne
Bernhard Martin, "Single Disco", 1999, installation Courtesy Frac Bourgogne
Olivier Dollinger, "Spirit Voice On Air", 2006 vue de l’exposition Partenaire Particulier au Frac, Courtesy Galerie Chez Valentin, photo : Damaris Bentz / Frac Paca
Olivier Dollinger, "Spirit Voice On Air", 2006 vue de l’exposition Partenaire Particulier au Frac, Courtesy Galerie Chez Valentin, photo : Damaris Bentz / Frac Paca
Marcelline Delbecq, "One", 2006, vue de l’exposition Partenaire Partciculier au Frac Paca, Collection de l’artiste, photo : Damaris Bentz / Frac Paca
Marcelline Delbecq, "One", 2006, vue de l’exposition Partenaire Partciculier au Frac Paca, Collection de l’artiste, photo : Damaris Bentz / Frac Paca