Quoi fabrique qui ?
Exposition personnelle de Delphine Coindet.
La première exposition personnelle dans le nouvel espace de la Rue Eugène Oudiné était une proposition de Claude Closky, intitulée Vampires & fantômes. Ce projet abordait des questions liées au hasard et à l’intention, non seulement à travers les oeuvres exposées, mais également par le dispositif de présentation et d’éclairage.
Inviter Delphine Coindet et Paul Czerlitzki à exposer ensemble, relève bien entendu d’un choix mais contient aussi une part de hasard… Les oeuvres de Delphine Coindet réunies ici étaient toutes présentes dans l’exposition personnelle Ventile au centre d’art Le Portique du Havre à l’automne 2018 tandis que celles de Paul Czerlitzki, n’étaient pas encore réalisées quand l’invitation à exposer lui a été faite.
Pourtant leurs travaux semblent se faire échos, des points de contacts apparaissent et installent un dialogue imprévu… Par exemple, l’invocation de la figure de Joseph Beuys dans l’oeuvre Pour Joseph de Delphine Coindet, alors que Paul Czerlitzki vit en Allemagne, et a étudié à la Kunst Akademie de Düsseldorf où l’enseignement de Beuys a laissé une très forte empreinte.
Correspondances également entre le caractère énigmatique des grandes peintures monochromes noires de Paul Delay, qui s’affirment pourtant très objectives et matérielles, et la très concrète mais néanmoins mystérieuse Corde jaune et bleue de Delphine Coindet.
Des résonnances encore, entre les grandes sérigraphies sur feutre (coucou Joseph !) qui concentrent aléatoire et précision, éclat des couleurs et matité de la matière, et les tableaux FLESH OUT de Paul qui, bien qu’offrant à notre regard la matérialité crue de la toile, semblent pourtant inaccessibles…
Delphine Coindet est née en 1969. Vit actuellement à Chambéry et Lausanne. Elle a été exposée dans de nombreuses institutions : Le Portique au Havre, le CREDAC à Ivry, le Musée international des arts modestes, le Musée des Beaux-Arts de Tours, le Palais de Tokyo, le Domaine de Chamarande, le Creux de l’Enfer, le Kunstmuseum de Thun, le Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris… Les oeuvres de Delphine Coindet font partie des collections du FNAC, du Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris, du MAC Val, de plusieurs FRAC, du Musée des Beaux-Arts et du MUDAC à Lausanne, de l’Institut d’Art Contemporain à Lyon, du centre d’Art de Meymac…
1 – Puisque tout le monde est artiste, pour qui faites vous de l’art ?
Delphine Coindet : Pour quiconque susceptible d’apprécier l’art tant qu’il y en a… (Les artistes sont bien souvent les regardeurs les plus avisés d’ailleurs). Sûrement pas pour quelqu’un en particulier.
Pour être honnête, je devrais dire que je le fais pour moi car c’est la seule voie que j’ai pu trouver afin d’échapper un tant soit peu au conformisme et au mode de vie bourgeois auquel j’étais initialement destinée.
Ceci dit le plus dur reste toujours de ne pas se laisser enfermer par ses propres certitudes, habitudes et automatismes tout au long de la vie.
Paul Czerlitzki : Laurent.
2 – Mais qui est ce Joseph Beuys ?
Paul : Pas Laurent.
Delphine : Quelqu’un d’assez génial et probablement assez cinglé pour revendiquer haut et fort que tout le monde est artiste. Quelqu’un capable de joindre pratique artistique et activisme politique en étant membre d’un parti initiateur de la cause environnementale.Un modèle pour une démonstration concrète « d’Art Total ». Par chance je suis tombée sur le documentaire Beuys du réalisateur Andres Veiel, quand je suis arrivée dans ma chambre d’hôtel au Havre en Octobre 2018.
Comme j’étais là pour installer mon exposition au centre d’art Le Portique, j’ai saisi cette coïncidence pour évoquer l’engagement hors norme du créateur du concept de « sculpture sociale », dont le travail était omniprésent et toujours très influent quand j’ai commencé mes études en école d’Art en France en 1987.
3 – Êtes-vous amis sur Facebook ou Instagram ?
Delphine : Désolée, ces réseaux sociaux décidément, ce n’est pas pour moi !
Paul : Seulement avec Laurent.