Ryonji
Exposition personnelle de John Cage.
J’envisage le jardin ou l’espace dans lequel placer les quinze pierres comme quatre portées, ou deux pages – chacune avec deux portées. Et les portées sont en fait la surface du jardin. John Cage
Le connaissant dans son ensemble, je peux trouver où mettre quelle pierre par des opérations du hasard. John Cage Faisant converger la pratique influente de John Cage en tant qu’artiste visuel et en tant que compositeur, la Galerie Thaddaeus Ropac Paris présente une installation consacrée à sa célèbre série Ryoanji (1983-1992), inspirée du jardin de pierres du temple bouddhiste zen
Ryōan-ji (« Temple du repos du dragon ») qu’il visita à Kyoto au Japon pour la première fois en 1962. Axée sur la façon dont il exprima ses propres idées et l’atmosphère du jardin à la fois dans des interprétations visuelles et sonores, l’exposition présente une sélection de dessins ainsi que des enregistrements de compositions pour différents instruments.
Le catalogue de l’exposition, John Cage : Ryoanji, comprend le texte écrit par le compositeur sur cette série, un entretien avec lui, des reproductions de ses manuscrits et partitions pour cette série, ainsi qu’un essai inédit de James Pritchett, auteur de référence sur Cage.
L’exposition est organisée par Julia Peyton-Jones en collaboration avec la John Cage Trust. « Cette exposition offre un aperçu fascinant de l’esprit et de la pratique de John Cage. En se concentrant sur ce que le jardin zen de Ryōan-ji signifiait pour lui en tant qu’idée philosophique, elle met en lumière son interprétation de cette sensibilité, à la fois dans ses dessins et sa musique. La publication qui l’accompagne examine les procédés uniques par lesquels Cage a transformé les plus simples des matériaux – pierres, crayons, papier – en une
musique parmi les plus envoûtantes et importantes de tous les temps. » Laura Kuhn, administratrice et directrice exécutive du John Cage Trust.
« Cette exposition de la remarquable série Ryoanji de Cage est avant tout une magnifique démonstration de la manière dont son processus artistique rend l’abstrait tangible. Avec ces compositions et ces dessins, il a créé une oeuvre marquée par un sens du miraculeux et donné corps à l’une des musiques les plus pénétrantes de notre époque, ainsi qu’à une série de dessins que le célèbre critique d’art David Sylvester classa ‘’parmi les plus beaux dessins
et estampes réalisés dans les années 1980’’. » Julia Peyton-Jones, Directrice Générale des projets spéciaux, Galerie Thaddaeus Ropac.
En 1982, quand il fut engagé pour concevoir la couverture d’un livre qu’allaient publier les Éditions Ryôan-Ji, Cage choisit un papier aux proportions identiques à celles du jardin de Kyoto, plaça une pierre dessus, puis en traça le contour au crayon. Pour chaque dessin, le choix de 15 pierres et leur emplacement sur la page furent déterminés par les opérations du hasard. Ce procédé aboutit à une densité variable des lignes et dépendant des pierres et des différents crayons utilisés.
« La méthode utilisée pour réaliser ces dessins offre une connexion simple, immédiate, au jardin de pierres de Ryoanji », explique James Pritchett dans son essai pour le catalogue d’exposition. « Pris en tant que série, les dessins Ryoanji sont une démonstration concrète de la clairvoyance de son récit sur le jardin : le vide de l’espace peut bel et bien soutenir des pierres sur n’importe lequel de ses points. » Les pierres et leur arrangement particulier dans le
jardin restent toutefois d’une signification moins profonde que celle de la conception de l’espace vide d’où toute chose émerge : « Tout ce que vous voyez et entendez dans cette pièce est réellement le produit de l’espace vide, de la durée silencieuse du temps. Nous assistons à la prise de conscience de Cage que, si un espace peut être rendu véritablement vide – vide de nos préconceptions, de nos croyances, de nos récits, de nos habitudes –, tout
peut s’y découvrir. Ces dessins et ces compositions musicales sont des passerelles pour accéder à cet espace silencieux, vide. »
La sélection des compositions Ryoanji présentées dans l’installation sera jouée selon un enchainement aléatoire. En rupture avec les prescriptions de la notation musicale conventionnelle, les innovations de Cage reposent sur le principe d’indétermination. Il développa des techniques de hasard contrôlé pour créer, que ce soit en consultant l’oracle du Yi Jing ou, plus tard, en générant des nombres randomisés par ordinateur, et réduisit ainsi
les aspects subjectifs de la composition et de la performance.