The Seeming Endless Path of Memory

Courtesy of the artist and Thaddaeus Ropac gallery.
Courtesy of the artist and Thaddaeus Ropac gallery.
du 19 mai au 27 juillet 2019

Exposition personnelle de Imran Qureshi.

Galerie Thaddaeus Ropac a le plaisir de présenter The Seeming Endless Path of Memory, une exposition de nouvelles oeuvres de l’artiste pakistanais Imran Qureshi à Pantin. La pratique d’Imran Qureshi (né à Hyderabad, Pakistan, en 1972) s’enracine dans la tradition de la miniature moghole du 16e siècle revue à l’aune de problématiques contemporaines et joue sur les notions d’échelle à travers des peintures, des oeuvres sur papier et des installations in situ.

Dans cette exposition l’artiste décline le motif du pli pour explorer l’idée de infini, qu’il s’agisse d’une peinture monumentale de 10 mètres de long aux gradations de rouge et d’or qui évoque la structure d’un paravent, de l’ondulation d’un leporello qui se déploie sans fin, ou de la pliure des nouvelles peintures en relief. L’exposition de grande ampleur présente également un ensemble de miniatures dont le sujet varie de l’autoportrait à une réflexion sur la notion de paysage. Les peintures abstraites d’Imran Qureshi, réalisées au cours des deux dernières années, portent par endroit la trace de son propre corps et incarnent le dialogue constant d’échelle qui caractérise son oeuvre.

Un double sentiment, fait de tragédie et de délicatesse mêlées, imprègne une oeuvre dans laquelle il mène une réflexion sur la proximité entre la violence et la beauté, le chaos et l’ordre, la vie et son interruption. Le titre de l’exposition, The Seeming Endless Path of Memory, ainsi que les titres des oeuvres exposées se font l’écho des mots du poète pakistanais Faiz Ahmed Faiz (1911–1984), dont l’oeuvre irrigue celle d’Imran Qureshi. Ils révèlent des métaphores qui placent l’humain au centre, avec des connotations sociales et culturelles diverses, et où la me0nace de la violence apparaît avec subtilité comme un motif récurrent.

Dans certaines oeuvres, la luminosité de la feuille d’or transparaît à travers les couches de rouge sombre ou de bleu profond. Les changements rythmés et subtils de tonalité apparaissent comme le résultat d’un acte de création continu. Ailleurs, Imran Qureshi s’inscrit dans la tradition de l’action painting, accueillant la vélocité, l’improvisation et la pesanteur dans le processus artistique : à travers l’engagement direct avec la toile, la peinture devient performative dans son expression même.

L’art d’Imran Qureshi s’attache également à la signification symbolique des nombres. Les douze panneaux qui constituent The Endless Path (2018) renvoient au nombre 12 qui possède des propriétés mathématiques particulières (12 est un nombre sublime car le nombre de ses diviseurs et la somme de ses diviseurs sont tous deux des nombres parfaits). Le pouvoir du nombre en soi et sa valeur scientifique lui valent une place à part dans la culture et dans la religion. Le choix par l’artiste de nombres spécifiques suggère une réflexion plus large sur la relation entre le rationnel et le spirituel, l’humain et le divin, au sein de son travail.

L’exposition présente une série de miniatures intitulée Story of Two, représentant des arbres peints avec une grande minutie qui montrent à la fois une subtile unité et une séparation, analogues aux artères de la vie que l’on retrouve ailleurs dans son oeuvre. Dans une nouvelle autoportraits, l’artiste, habillé de façon contemporaine, se situe dans un décor abstrait, entouré de motifs ornementaux détaillés caractéristiques de l’art de la miniature – dont la tradition remonte à la cour des empereurs moghols (1526-1857). Dans les limites imposées par le format, le raffinement et la rigueur de cette discipline traditionnelle, Imran Qureshi réinvente un langage artistique contemporain tout en véhiculant des références politiques complexes. Ian Alteveer, commissaire de l’exposition d’Imran Qureshi présentée sur le toit du Metropolitan Museum of Art à New York en 2013, commente ainsi les miniatures de l’artiste : « Il y a une tension sublime entre les critères stricts de cet art antédiluvien qu’est la miniature et la modernité des sujets dépeints, une tension qui interroge la friction d’un monde où la nouveauté se heurte quotidiennement à l’orthodoxie. »

Constitué de quarante pages assemblées les unes aux autres, The True Path se déploie dans une des nefs de la galerie sous la forme d’un livre frise disposé de sorte que le visiteur puisse longer l’ondulation des plis. Un paysage imaginaire composé d’arbres, de feuilles, de pierres et de libellules aux côtés de missiles, est rendu en nuances douces avec des incursions de fines vignes rouges qui évoquent un éden altéré par une menace pesante. En parallèle, l’oeuvre contient une série de points à relier numérotés de 1 à 566, qui rappelle les livres pour enfants, mais aussi, par la symbolique du nombre 566, une référence spirituelle. Ainsi le visiteur est convié à suivre les méandres d’un paysage terrestre, celui des défis de la vie.

Dans la nouvelle série de peintures en relief Fabric of Heaven (2019), la peinture acrylique rouge est appliquée sur une surface recouverte de feuille d’or pour mettre singulièrement en valeur les multiples drapés et créer un effet visuel saisissant. L’utilisation de la feuille d’or est caractéristique de l’oeuvre d’Imran Qureshi. Sa luminosité fait allusion à la sphère céleste et tranche avec les éclaboussures rouge vif ainsi que les motifs de vigne dont les circonvolutions envahissent les multiples plis de la toile. À ce sujet, Stinna Toft, commissaire de l’exposition d’Imran Qureshi au Musée d’Art Moderne d’Aalborg, Danemark, commente : « La pose de la précieuse feuille d’or est une tâche chronophage, mais son effet sur les grands formats est monumental. Les surfaces des peintures ressemblent à de petits paysages, ou à une peau qui caresse le papier ou la toile (…). La peau de la peinture devient un symbole de la vulnérabilité du corps humain. L’effet est puissant et menaçant (…) et rend les peintures d’Imran Qureshi particulièrement physiques et sensuelles. »

On retrouve dans diverses oeuvres exposées ici la notion d’un « paradis » historique, en opposition à la violence et à la nature, une idée qui s’avère cruciale dans la compréhension de l’univers artistique d’Imran Qureshi. Le rouge foncé, allusion évidente à la violence et à la mort, contraste avec le motif délicat de la vigne vierge et des fleurs. Ils s’allient de façon frappante, comme s’il attaquait simultanément à l’idée de la peinture et à la métaphore du paradis. Alors que la couleur rouge renvoie à des éclaboussures de sang, les motifs de fleurs formés par la peinture évoquent la possibilité du renouveau et de la vie. Pour l’artiste, « Les fleurs qui émergent de la peinture, dans mon travail, représentent l’espoir que les gens continuent malgré tout de croire en des jours meilleurs. »

Les oeuves d’Imran Qureshi s’articulent autour d’une réflexion sociopolitique sur la précarité et la violence qui traverse le monde contemporain. En définitive, qu’il s’agisse de grands formats ou de miniatures, son travail tend vers une recherche esthétique, religieuse et spirituelle sur la proximité de la création, de la destruction et de la recréation dans tous les aspects de la vie – qui impliquent le visiteur tant physiquement que spirituellement.

L’exposition sera inaugurée par une performance le dimanche 19 mai à 15h.

A propos de l’artiste

Imran Qureshi (né en 1972 à Hyderabad, au Pakistan) vit et travaille à Lahore, au Pakistan, où il enseigne la miniature au National College of Art. Son travail constitue une synthèse unique des motifs et techniques traditionnels et des problématiques actuelles. L’artiste a acquis une stature internationale après son installation sur le toit du Metropolitan Museum de New York en 2013. Une autre installation in situ a été présentée au Eli and Edyth Broad Art Museum, dans le Michigan. Il a participé à la Biennale de Venise 2013, The Encyclopaedic Palace, organisée par Massimiliano Gioni. La même année, à Berlin, au German Guggenheim, une exposition personnelle lui a valu le prix de « L’Artiste de l’Année » décerné par la Deutsche Bank. En 2014, une autre installation in situ a été présentée pour l’inauguration de l’Aga Khan Museum à Toronto. Imran Qureshi a également participé à la Nuit Blanche, à Paris, en 2014, avec une installation à la bibliothèque Sainte-Geneviève et sur le quai d’Austerlitz. D’autres expositions ont eu lieu à l’Ikon Gallery, à Birmingham, en 2014-2015, et en 2016 au Barbican, à Londres. La même année, son exposition a marqué la réouverture du Kunsten Museum of Modern Art à Aalborg, Danemark, construit par le célèbre architecte finlandais, Alvar Aalto.

En 2019, il reçoit le Asia Arts Game Changer Award à Hong Kong. Jusqu’en août 2018 il fait partie d’une exposition de groupe à la Halle 14, Zentrum für zeitgenössische Kunst, à Leipzig, en Allemagne. En 2020, la Freer Gallery of Art à Washington organisera une exposition de son travail avec le soutien du Smithsonian Institute. Imran Qureshi figure dans les collections permanentes des plus grandes institutions dont le Metropolitan Museum of Art, New York ; Art Institute, Chicago ; Victoria & Albert Museum, British Museum, Londres ; Fukuoka Asian Art Museum, Japon. Récemment, l’Israel Museum, à Jérusalem, et le Guggenheim, à Abou Dabi, ont acquis ses oeuvres.

Dates
19 mai - 27 juillet 2019
Horaires
Du mardi au samedi, de 11h à 19h
Lundi sur rendez-vous
Entrée libre
Visites
Visites commentées gratuites
mercredi 12h, samedi 12h et 16h