WHEN WE WERE TROLLS (WWWT)
Une exposition personnelle de Caroline Delieutraz.
Caroline Delieutraz When We Were Trolls (WWWT) Exposition personnelle
12/09/2019 – 26/10/2019
Vernissage jeudi 12/09/2019, 18h
Pour cette nouvelle exposition personnelle à la galerie 22,48 m2, Caroline Delieutraz poursuit son travail sur la circulation des images à l’heure d’internet et des réseaux sociaux. Les nouvelles pièces de l’artiste traitent de la question de la violence sur internet et explorent les imaginaires qui la sous-tendent.
Dans l’exposition When We Were Trolls (WWWT), Caroline Delieutraz s’intéresse à la part sombre d’internet par le biais de la figure du « troll ». Ce terme sert à désigner les personnes dont les interventions intempestives ou outrancières sont destinées à perturber le fonctionnement de communautés en ligne, et à susciter de fortes réactions de la part de certains utilisateurs. Il s’est teinté au fil des années d’une aura menaçante, tant par l’usage de cette pratique à des fins de déstabilisation politique que pour la violence dont ont pu, jusqu’au harcèlement de groupe, faire preuve certains de ses adeptes. À partir du disque dur d’un certain Aurélien et des entretiens qu’elle a pu mener avec lui, Caroline Delieutraz dresse le portrait numérique d’un troll particulièrement efficace, ayant opéré dans les années 2000 et 2010. De masques en avatars, se dessine une forme d’écriture documentaire qui, d’un virtuel aux implications bien réelles, glisse vers une rêverie amère. Dans un jeu d’attraction répulsion, l’artiste explore les stratégies déployées par l’autoproclamé « roi des trolls ». Elle met en scène la confession teintée de fierté d’un personnage se désignant lui-même comme sociopathe, à partir d’éléments dont le statut oscille, par l’activité même du troll et l’anonymat qu’elle présuppose, entre la pièce à conviction et le trophée. À travers ces traces prélevées dans l’histoire récente d’internet, les paradoxes d’un monde d’inadéquation sociale se dévoilent, où le harcèlement se mêle à l’exercice rhétorique et au jeu, où l’intelligence est mise au service d’un mal « pour le plaisir », frappant au hasard contre « ce qui est public sans être grand ».
Philippe Bettinelli