La parole ventriloque
Cycle de conférences proposé par Jérôme Mauche.
La Fondation d’entreprise Ricard renouvelle encore cette année le cycle de conférences Poésie Plate-forme. Ce cycle de rencontres est consacré à la poésie contemporaine et est proposé par l’écrivain Jérôme Mauche. Ce programme vise à révéler les pratiques poétiques de personnalités d’univers différents (architectes, philosophes, cinéastes, managers, musiciens…) en favorisant leur rencontre et leur dialogue.
Sont conviés dans le cadre de cette rencontre Poésie Plate-forme Stéphane Bouquet, écrivain, et Robert Cantarella, comédien.
«La parole ventriloque» Stéphane Bouquet Robert Cantarella
Que se passe-t-il quand une parole s’avère être mot-à-mot reprise par la voix d’un autre et qu’elle transite alors par son corps ? Qu’est-ce ce dispositif d’écho et d’écoute – car il s’agit d’une scène –, apporte ou apprend pour son interprète comme son auditeur ?
C’est cette expérience d’une parole déterritorialisée que propose Robert Cantarella dans «Faire le Gilles», performance au cours de laquelle il interprète/répète aux moyen d’oreillettes un séminaire de 1981 de Gilles Deleuze à Vincennes.
Cette troublante reconstitution d’une parole inventive, savante et drôle, et de ses contextes d’énonciation, est le point de départ de cette rencontre Poésie Plate-forme qui réunit Stéphane Bouquet, poète, traducteur et scénariste et Robert Cantarella, metteur en scène pour le théâtre et auteur.
Ce processus de «copie sonore», de «parole ventriloque» sera rapproché par d’autres régimes de la voix comme de l’écrit aussi, dans le large spectre de pratiques qui réunit ces deux auteurs, lesquels d’ailleurs collaborent ponctuellement ensemble.
Lecture, performance, interprétation théâtrale ou chorégraphique, scénario, traduction, poème : quelles seraient les continuités de la voix et des voix qui se prêtent ainsi, s’incarnent ou laissent parler en eux les corps antérieurs des poètes, des concepts comme des êtres aimés ?
Biographies
Stéphane BOUQUET
Stéphane Bouquet est poète. Il est l’auteur de cinq livres parus aux éditions Champ Vallon : Dans l’année de cet âge, 2001; Un monde existe, 2002; Le Mot frère, 2005; Un peuple, 2007; Nos amériques, 2010. Il a été pensionnaire à la Villa Médicis à Rome. Il est par ailleurs traducteur des poètes américains Robert Creeley, Le Sortilège, Nous, 2006 ; Paul Blackburn Villes, suivi de Journaux, Corti, 2011 ; et Peter Gizzi L’Externationale, Corti, à paraître.
On lui doit de nombreux scénarios notamment pour Sébastien Lifshitz – ainsi du film La Traversée, long-métrage autobiographique dans lequel il joue son propre rôle –, mais aussi Valérie Mréjen et Robert Cantarella. Il a été interprète et scénariste pour la chorégraphe Mathilde Monnier, ainsi de Frère & sœur présenté au Festival d’Avignon en 2005.
Ancien critique-cinéma aux Cahiers du Cinéma et critique-littéraire à Libération, il est l’auteur de plusieurs essais sur le cinéma consacrés à L’Evangile selon Saint Mathieu de Pasolini, 2003, à Eisenstein, 2008 ; Gus Van Sant, 2009, parus aux éditions des Cahiers du Cinéma. Il a récemment fait paraître Clint Fucking Eastwood, Capricci, 2012.
Robert CANTARELLA
Robert Cantarella est comédien, metteur en scène, écrivain et cinéaste. Après avoir été l’élève d’Antoine Vitez, il fonde en 1983 le Théâtre du Quai de la Gare, lieu alternatif à Paris, puis la Compagnie des Ours avec la volonté de faire découvrir ou redécouvrir les auteurs du XXe siècle. Il a dirigé le Théâtre Dijon-Bourgogne, puis plus récemment le CENTQUATRE avec Frédéric Fisbach. On lui doit de très nombreuses mises en scène de textes contemporains notamment de Philippe Minyana, Michel Vinaver, Noëlle Renaude, Jean-Luc Lagarce, Jean Magnan, Christophe Huysman, mais aussi de pièces de Cervantès, Strindberg, Artaud, Bernstein, Brecht, Broch, O’Neill… Sa réflexion sur le théâtre et les pratiques prend la forme d’interventions – ainsi la rédaction et édition du manifeste Pour une formation à la mise en scène (avec Jean-Pierre Han, 1997) –, d’essais parus entre autres dans la revue Lignes. Il est l’auteur d’un roman Le Chalet, Léo Scheer, 2004. On lui doit plusieurs films et documentaires (Carrosserie, 2004 ; Chantiers, 2009) et il exerce une activité régulière de formation en France comme à l’étranger, notamment au CalArts de Los Angeles.
Depuis le milieu des années 2000, il développe un travail de performance seul ou en collaboration avec des écrivains (Liliane Giraudon, Olivia Rosenthal), qui questionne la mémoire, la parole et sa reprise, ainsi Les Classiques par temps de crises. Par ailleurs, il travaille à l’invention de formes nouvelles comme le Musée Vivant inauguré l’an dernier au Centre Pompidou Metz.
En 2012, au Festival d’Avignon, Robert Cantarella présentait Faire le Gilles et une mise en scène de la pièce de Christophe Honoré Un jeune se tue.