Évènement

MATRIMONIUM, petit traité d'écosophie

Mercredi 10 février 2010 à 19h

Mépris de la terre et dévastation du monde : tel est le résultat de la modernité mobilisant les énergies individuelles et collectives vers les paradis céleste ou terrestre. Prendre soin de la « Terre Mère », en faire le fondement de tout être-ensemble: telle est l’inversion de polarité dont témoigne aujourd’hui la sensibilité écologique.
Contre le rationalisme morbide, il faut en appeler à la « raison sensible ». Ainsi à l’encontre du contrat social s’esquissera un nouveau « pacte émotionnel ». Contre le catastrophisme propre aux diverses élites sociales, on voit poindre un nouvel hymne à la vie spécifique de la socialité postmoderne. C’est de cette véritable mutation anthropologique dont il sera question au cours de cette Invitation à l’imaginaire avec, autour de Michel Maffesoli, Catherine Golliau, Rédactrice en chef au Point en charge des hors-séries et Paul-François Paoli, journaliste au Figaro.

* CNRS Editions, 2010

 

Jean-François Colosimo, directeur général de CNRS édition, entame cette invitation à l’imaginaire en présentant les deux journalistes que Michel Maffesoli a invité ce soir pour débattre autour de son dernier livre : Paul-François Paoli du Figaro Littéraire et Catherine Golliau du Point.
Jean-François Colosimo introduit cette rencontre en indiquant que Matrimonium est un livre extrêmement dérangeant car il éperonne de ce que l’on nomme la postmodernité sans savoir ce qu’elle est, c’est un véritable arraisonnement de la même manière que jadis les flibustiers et les corsaires arraisonnaient les navires. Dans cet ouvrage, Michel Maffesoli nous dit que nous traversons une mutation considérable dans l’histoire et il la décrypte en la plaçant, de manière très nietzschéenne, sous le signe maternel de la Terre, cette Terre qui occupe tellement aujourd’hui les consciences politiques sous la forme de l’écologie politique.

Michel Maffesoli, en réponse à Jean-François Colosimo, revient sur l’étymologie grecque du mot pirate, peiratês, qui est le fait d’essayer et dans le fond d’arriver à survertir un certain nombre de choses qu’il faut développer dans un moment où règne un conformisme affligeant, où il n’est pas inutile de développer une « pensée pirate ».
Puis il revient sur le titre de son livre, Matrimonium, petit traité d’écosophie, notamment en ce qui concerne l’usage du terme latin matrimonium, qui même s’il peut paraître abscons, indique ce nouveau rapport à la nature, le changement de topique qui est en train de s’opérer, où ce qui prédomine n’est plus simplement une pensée à dominante masculine ; et « écosophie », qui revient à ce qui pourrait être étymologiquement la sagesse de la maison.
Il évoque ensuite quatre pistes d’analyse : d’une part rendre attentif à un glissement du progressisme qui est le propre de la modernité à une pensée progressive car aujourd’hui, être progressiste ce n’est plus être en phase avec l’esprit du temps. Il y a un passage de la figure de la flèche à celle de la spirale. Dans un deuxième temps, nous devons nous attacher au mythe du Golem. Ce Golem, fabriqué à des fins pacifiques devient un monstre sanguinaire. Faire le bien aboutit donc bien souvent à son contraire : « l’enfer est pavé de bonnes intentions ». Le mythe du Golem peut donc aboutir, si l’on reprend l’expression heideggerienne, à une forme de dévastation du monde et les divers saccages écologiques actuels en seraient l’expression. La troisième piste relève du terme grec apocatastasis, l’apocatastase, qui indique qu’il peut y avoir des moments de rétablissement, des inversions de polarité : il y a dévastation du monde et des esprits mais il y a peut-être quelque chose de l’ordre du vécu plus que du pensé qui dans la sensibilité écologique peut nous aider à penser ce rétablissement.
Enfin, Maffesoli aborde ce qu’il nomme la « géosociologie », c’est-à-dire montrer que c’est moins le temps qui prévaut, ce qui a été le propre de tous les grands systèmes sociaux de la modernité. Il faut revenir à l’espace. Le temps est linéaire, l’espace est enraciné. On est habitué au chronos, ce qui s’écoule, il faudrait revenir à l’éon, c’est-à-dire une conception de la durée à la manière de Bergson. Ce glissement du chronos à l’éon correspond à la temporalité vécue, que l’on observe dans la publicité, dans la vie quotidienne, dans l’imaginaire en général. Tout cela nous donne une autre conception du cosmos dans le sens étymologique : la cosmétique c’est finalement ce qui fait que l’on va s’ajuster par rapport aux autres, c’est un processus d’ordonnancement, de respect, d’ajustement aux autres et au monde, pas simplement dans le sens simple du terme mais dans toutes les dimensions d’interdépendance entre monde et homme. Et quand il y a une séparation entre le monde et l’homme cela provoque un délitement, une dévastation.
Maffesoli, qui se réfère à Confucius, indique que le terme humanité est associé à deux idéogramme, l’homme et le chiffre 2. Littéralement, l’humanité c’est donc deux hommes. Si l’on suit la pensée sauvage dont il était question précédemment, ces deux hommes représentent donc la dimension relationnelle. C’est ce dont il est question dans Matrimonium : l’humanité en son sens fort et ce qui nous lie à l’altérité, le lien. Il y a toujours quelque chose en rapport avec l’autre et c’est cela l’ambiance dans le sens simple du terme, l’esprit du temps dans lequel on baigne, même si l’on n’en a pas forcément une vraie conscience : il y a un rapport à l’altérité, de la nature ou de l’autre du groupe, et le matrimonium renvoie à cette matrice là, là où l’on est jeté ensemble.
Maffesoli conclut son intervention sur une phrase de Goethe : « fondamentalement, nous sommes tous des êtres collectifs, car nous possédons et nous sommes vraiment peu de chose que nous puissions dire notre. Nous devons tous recevoir et apprendre aussi bien de ceux qui nous on précédés que de ce qui nous entoure. » C’est cette liaison entre le « ceux » qui nous ont précédés, cette longue mémoire de l’humanité et le « ce » qui nous entoure qui fait de nous véritablement des parties prenantes de cette humanité. Voilà ce qui est en jeu dans Matrimonium.

Pour Catherine Golliau, Michel Maffesoli est un anti-lumière parfait : il remet en cause l’homme autonome, l’homme qui construit, l’homme prométhéen, l’homme progrès, l’homme qui domine le monde. Reprenant le propos qu’il développe dans Matrimonium, Catherine Golliau fait remarquer qu’actuellement, grâce à l’écologie, l’homme est en train de retrouver un petit peu de bon sens, c’est-à-dire de reconnaître qu’il est un parmi les autres, qu’il est un dans la nature, qu’il ne peut pas vivre sans les autres et qu’il ne peut pas vivre sans la nature. Si ces propos ne sont pas nouveaux ils ont été oubliés durant un certain temps et c’est cette reprise de conscience par l’homme de ce qu’il est vraiment qui rend le livre euphorisant, parce qu’il donne un appétit de vivre. Cependant, Golliau se demande si à travers cet univers du bon sauvage de Rousseau, où l’homme retrouve ses bases, une vérité nouvelle grâce à l’invagination, une douceur, un bon sens et une indulgence maternels pour l’autre et pour la nature qui conduirait vers un univers viable où l’homme serait heureux de vivre, Maffesoli ne serait pas un peu trop positif. En effet, il n’est question dans l’ouvrage ni de violence ni de guerre, hors cette violence fait partie de la nature humaine. Maffesoli rétorque qu’il ne s’agit pas de décrire le bon sauvage et qu’il y a tout de même dans la nature quelque chose qui est cruel : « d’antique mémoire, éros et tanatos sont structurellement liés. La vie n’existe que parce que la mort y a sa part. C’est bien cela la présence apaisante de la sauvage nature, c’est bien cela que l’on peut appeler l’invagination des sens. » Il s’agit de rappeler que dans l’animal humain il y a aussi l’animal et c’est parce qu’on a oublié cette animalité qu’on peut aboutir à la bestialité. En poussant la sophistication à l’extrême à travers le refus de cette animalité on aboutit à cette forme perverse de la bestialité. Maffesoli reconnaît donc le fait qu’il y a de la mort, du conflit, que la nature elle-même est violente. Il ne s’agit donc pas d’un refus de la violence mais plutôt d’une homéopathisation de la violence. La nature serait cette forme homéopathisée qui permettrait d’intégrer quelque chose qui n’est pas rationnel. Il y a donc une critique de la raison dans son aspect purement instrumental et abstrait.

Selon Paul-François Paoli, Matrimonium est l’ouvrage qui va au bout de la démarche que Michel Maffesoli a entamée dans les années 80 et qu’il a été un des seul à assumer : l’idée de la postmodernité, qui après le grand cycle de la modernité occidentale avec une construction rationnelle et l’idée que l’humanité devait s’unifier à travers des idées communes et une finalité objective, comme chez Descartes ou chez Hegel, intervient avec l’idée que tous les grands récits sont épuisés, que ce soit le marxisme avec sa grande finalité de l’histoire, ou d’une certaine manière le libéralisme puisque le libéralisme c’est l’idée selon Fukoyama qu’on arrivera à la fin de l’histoire où grâce au marché et à la démocratie l’humanité sera pacifiée, ou encore le christianisme. Maffesoli et le courant intellectuel français dans lequel il s’inscrit contestent donc cette idée selon laquelle nous allons vers la fin de l’histoire. Selon Maffesoli, il faut retourner à un certain nombre de racines, il faut assumer l’idée de nature, l’idée de territoire etc, etc. On trouve également chez lui l’idée que le désordre, l’anomalie et la perversion – présents dans toute société – ne sont pas que négatifs. Il y a une positivité de la perturbation, une positivité de la perversion, du mal, comme principe homéopathique qu’on peut réguler. Cependant, Paoli remarque qu’il y a une tendance à positiver un peu trop tous les phénomènes sociaux qu’on peut considérer comme venant de la marge, c’est-à-dire l’idée que dans tous ces phénomènes il faut voir une mutation, une transformation positive. Il critique également l’idée de « matrie », d’un retour vers la mère nature et vers la mère. Il conclut en expliquant que la société française souffre d’un état mortifère, que l’individualisme rationaliste a mortifié d’une certaine manière le tissu social en France et que les traditions locales et régionales ont été étouffées par l’Etat central. Même si l’on assiste à un retour vers toutes les formes de nature et de « matrie », toutes ne sont pas positives. Il prend pour exemple la perturbation des jeunes violents due à une proximité des jeunes à la mère, à une absence de critères masculins, paternels. Paoli interroge alors Maffesoli au sujet de ce que disent les psychanalystes au sujet de cette violence juvénile liée depuis un certain nombre d’années au caractère fusionnel et à l’omnipotence et au grand pouvoir symbolique de la mère qui sont aussi mortifères à leur manière.
Maffesoli rappelle qu’à la suite de Gilbert Durand il se méfie toujours de ce qui serait un pur irrationalisme. Il fait une critique de la raison, mais tente à travers la notion de « raison sensible » de conjoindre ce qui jusqu’alors était séparé : la raison et les sens. Maffesoli aime à tenir les deux bouts de la chaîne et jusqu’à présent on avait oublié les sens, le corps, au profit d’une conception schizophrénique : le rationalisme. L’entièreté de l’être, c’est montrer qu’il y a de la raison et des sens. Il s’agit donc de faire une critique de la raison instrumentale mais en aucun cas de tomber dans l’irrationalisme. Maffesoli se défend aussi de positiver. Sa position est une position tragique : il s’agit de constater quelque chose qui est là, la violence, les formes de délinquance, les diverses formes d’anomie… sans le dénier ni le canoniser. En ce qui concerne la question de l’effacement du père et du rôle important de la mère, Michel Maffesoli, tout en précisant qu’il n’a pas toutes les compétences nécessaires pour répondre à cette question, revient sur le rôle du grand frère qui est un processus d’accompagnement qui diffère de la loi du père, cette loi du père étant une des expressions de la loi souveraine, en ayant trait à l’horizontalité. Il indique que Christophe Bourseiller, dans son ouvrage Qui êtes-vous Michel Maffesoli ?, emploie le terme de « contre-cultures ». Maffesoli précise alors qu’il préfère les concernant parler de micro-cultures, qui toutes ensemble constituent un bouillon de culture. Il faut donc être attentif à ces formes anomiques, car c’est dans ce creuset là que va s’élaborer le canonique de demain. Tout l’anomique ne se retrouve pas dans le canonique, ce qui va devenir les mœurs, la loi, mais c’est dans l’anomique que le canonique trouve ses sources. Par exemple, en un siècle de temps, c’est parmi les auteurs, les musiciens anomiques d’hier que nous trouvons les éléments de référence de nos jours. Ces effervescences montrent qu’il y a de la crise, c’est-à-dire qu’il y a un jugement qui est porté sur les manières d’être ensemble purement rationnelles et donc qu’il y a lieu de voir ce qui est en jeu dans les musiques techno, les musiques gothiques, le black metal, etc.
Catherine Golliau alors interroge : la France n’est-elle pas un pays qui, de par son histoire, de par son rapport au rationnel, à plus de mal à accepter ce que Maffesoli appelle « l’écosophie » ? Elle se réfère au Canada dont l’approche de l’écologie et de la communauté est beaucoup plus ouverte, tolérante, en réflexion et en interrogation qu’en France. Pour Maffesoli, il y a une grande difficulté en France à penser la postmodernité parce que la France a inventé la modernité, il y a eu cette prétention en France d’avoir créé les outils théoriques qui étaient le propre de la modernité. Cela aboutit au maintient dans l’intelligentsia de l’idée de la République une et indivisible, ce qui était la forme politique de l’universalisme philosophique. Du coup on emploie fréquemment le terme communautarisme qui est un terme qui en France est stigmatisant : dès le moment où il y a de la communauté cela est péjoratif. Pour Maffesoli, la res publica, la chose publique, peut-être une mosaïque d’éléments divers. Autant cela a pu être performant de penser la République comme étant une et indivisible, autant par la force des choses, parce qu’il y a actuellement dans nos cités différentes manières d’être, il convient d’intégrer cette diversité dans quelque chose qui n’est plus simplement la réduction à l’unité mais l’ajustement de choses tout à fait diverses. Concernant l’écologie, nous avons également été formés pour dominer la nature (« l’homme maître et possesseur de la nature ») donc nous avons du mal à penser la sensibilité écologique (que Maffesoli distingue des mouvements, des partis écologiques).
Paul-François Paoli reprend cette idée d’une crise de l’universel tel que nous français nous l’avons conçu à travers les Lumières, c’est-à-dire l’idée qui met entre l’individu et l’Etat (en haut) les valeurs universelles. Pour Paoli, cette vision trinitaire totalement absurde aboutit à ce débat sur l’identité nationale où il y a une véritable incommunicabilité : on ne peut pas fonder l’identité nationale sur de l’universel parce que ce qui définit l’identité c’est justement ce qui me particularise. Le travail de Maffesoli est riche car il permet une déconstruction de l’abstraction, de l’utopie universaliste telle que les français en particulier l’ont conçue. Cela ne veut pas dire non plus qu’il faille à l’inverse nier toute forme d’universel, ce que, précise-t-il, ne fait pas Maffesoli. La France à partir du XVIIIème siècle et des Lumières a conçu l’universel sous l’angle de la raison pure. Nous pouvons faire une comparaison entre cet universalisme et l’universalisme des anglais, qui est un universalisme de rayonnement, pas un universalisme d’englobement. Aujourd’hui les américains font la même erreur que les français : leur universalisme est un universalisme d’englobement, c’est-à-dire tous les peuples doivent finir par nous ressembler, le marché, la démocratie, la publicité, etc, etc. Les français ont commis cette erreur au XVIIIème siècle, à travers les visées impériales de Napoléon, à travers toute l’expansion coloniale française, on est allé apprendre à des africains « nos ancêtres les gaulois », ce qui est évidemment aberrant, ce qui montre en même temps que l’universalisme est le contraire du racisme. Comme l’a dit Max Gallo, si on est allé apprendre à des africains que leurs ancêtres étaient des gaulois c’est bien que les français républicains de cette époque là n’étaient pas racistes. Aujourd’hui ce système universaliste républicain est fatigué, usé. Ce n’est pas pour cela qu’il faut accepter toutes les formes d’hétérogénéité. Pour Paoli, il faut repenser le principe de communauté, considérer qu’il y a une communauté nationale, que cette communauté nationale est fondée à la fois sur des valeurs universelles, abstraites et sur des valeurs concrètes, la langue, la culture, le mode de vie, le plaisir de la nature, du territoire, et tout ce qui est hétérogène doit pouvoir être intégré à cette unité mais hors du modèle jacobin qui considère qu’il n’y a que l’individu abstrait. Par conséquent, c’est là que se trouve le défi qui est le notre : celui d’arriver à reconstruire l’idée d’une communauté nationale, qui propose des valeurs universelles tout en disant aux autres vous pouvez rentrer dans cette communauté nationale, vous avez aussi le droit de ne pas en faire partie du moment où tout cela se fait dans la négociation et dans l’intelligence et pas dans le refus de l’altérité.
Maffesoli rappelle alors que l’usage de l’oxymore est la marque de la postmodernité et fait appel au concept hégelien « d’universel concret ». C’est là ce qui est en jeu. Maffesoli convoque alors un deuxième oxymore, celui de « transcendance immanente », relatif à la tribu. Il ne s’agit plus d’une surplombance mais d’une dimension englobante : par exemple, il y a tout à la fois désaffection vis-à-vis des grandes religions monothéistes et des formes de religiosités ambiantales qui peuvent être écologiques, etc. Cet « universel concret » et cette « transcendance immanente » seraient donc les marques de ce qui est en jeu actuellement et une manière tout à la fois de tenir les deux bouts de la chaîne.
Paoli indique son accord concernant l’idée de relégitimer le nous qui va à contre-sens de l’individu total, de l’individu abstrait, autonome, et aussi sur l’idée que transcendance et immanence ne sont pas systématiquement opposées. Il émet cependant un doute concernant le fait que les religions monothéistes disparaissent : c’est le cas de la religion catholique en Europe mais l’Islam est en plein dynamisme et c’est la religion la plus transcendantaliste, la plus verticale qui soit.
Pour Maffesoli, cette religion nous fait un peu peur parce qu’ils sont en train de faire ce que nous avons fait nous il y a trois siècle et il s’agit là typiquement d’un combat d’arrière garde, le combat d’arrière-garde de la défense du monothéisme. En ce sens l’Islam n’est que la « queue de la comète » d’une religion du livre. Aujourd’hui il vaut mieux regarder vers cette féminisation, mais l’on pourrait dire aussi orientalisation.
Catherine Golliau revient sur ce rapport à l’homme. On parle beaucoup de « nous », on critique effectivement l’homme Prométhée mais en même temps on retourne à l’homme dans la mesure où on oublie l’homme clivé qui avait la tête en haut et le corps en bas et aucun rapport entre les deux et ce que Maffesoli montre bien c’est que l’homme est enfin en train de comprendre qu’il a un corps, qu’il a le droit de jouir de son corps, qu’il a le droit d’être heureux dans son corps. Cela rejoint les cultures orientales et c’est un apport très important de la postmodernité. Tout cela est très bien montré dans Matrimonium et aujourd’hui l’homme occidental redevient complet, entier.
Maffesoli indique alors l’utilisation qu’il fait du terme « entièreté » pour décrire ce qui est cette conjonction du corps, de l’esprit, de l’âme etc. Il rappelle également l’expression de Durand et de Corbin, les « Orients mythiques » : il ne s’agit pas d’Orients ici ou là bien situés mais d’un peu de bouddhisme zen, d’un peu de bouddhisme tibétain, d’un peu de candomblé brésilien, bref un patchwork. On se réoriente dans le sens des Orients symboliques. On se réoriente en intégrant d’une manière symbolique, dans le sens étymologique, on met en correspondance, on vivrait comme le souligne le poème de Baudelaire Correspondance dans cette entièreté, dans la prise en compte de ces éléments enracinés, dans une dimension plurielle.

Chloé Charliac, CeaQ

Intervenants

Catherine Golliau
Paul-François Paoli
Jean-François Colosimo

Date
Horaire
19h00
Adresse
Fondation Pernod Ricard
1 cours Paul Ricard
75008 Paris
Entrée libre