Le nomade casanier
Michel Maffesoli a choisi de présenter un poète et un écrivain, proche de René Char, Gil Jouanard. celui-ci vient de publier une « fiction vraie », aux frontières de la biographie et du roman, sous le titre Le nomade casanier.
L’auteur mêle dans cet ouvrage l’exigence de la vie et celle de la pensée. « Cette démarche, à contre courantde l’affairisme et des bavardages ambiants, rappelle l’importance de la rêverie, de la poésie et de l’enracinement dynamique dans la compréhension de la vie sociale », observe Michel Maffesoli.
L’occasion de ce rendez-vous est la sortie d’un roman de Gil Jouanard Le nomade casanier, une autobiographie éditée par Paul Fournel. Le choix du mot roman sur la couverture est essentiellement une raison éditoriale, initialement prévue avec le sous-titre autobiographie picaresque.
Michel Maffesoli trouve dans cette autobiographie des pertinences avec le postmoderne, surtout à travers le thème de l’errance. Le titre nous renvoie à un enracinement dynamique : être là renforce l’être ailleurs. C’est aussi la métamorphose qui caractérise l’individu loin de l’enfermement imposé par l’identité propre à l’individu moderne. On est ici aussi dans le thème d’un vécu intensif et non événementiel, il s’agit d’un avènement comme dit Maffesoli plutôt que de l’événement. Et encore, toujours par rapport à la postmodernité, Maffesoli parle de sensorialité c’est-à-dire s’attacher à un lieu donné par le sens, les sensations : l’individu est un produit d’expériences sensorielles.
Il s’agit d’éléments qui permettent d’être en rythme avec le monde, un rythme qui nous permet de retrouver le mythe de l’enfant éternel.
Pour Paul Fournel, l’autobiographie de Gil Jouanard ne montre pas un poète voyageur mais un prosateur immobile et la singularité du parcours est liée à celui de la mère qui entraîne un rapport personnel à la langue, à la culture. Il y a donc une vision rurale des choses, un regard vers la terre.
Le Nomade Casanier raconte de manière chronologique, les événements de la vie de Gil Jouanard. Un travail de mémoire écrit avec des phrases longues et un rythme ralenti qui nous donne la sensation de sérénité.