Orientalisation du monde
C’est au cours du XIXe siècle et de l’avènement de la modernité qu’un phénomène nouveau s’est produit : ce que Max Weber a appelé « le désenchantement du monde ». En effet, avec la modernité, c’est la rationalisation du monde qui est en train de se jouer et de s’imposer, les valeurs de Sacré, de Mystères, d’Inconnaissable, sont remplacées par les déterminismes scientifique et étatique. Ainsi, ce qui nous lie au monde et à ses étrangetés à petit à petit disparu pour n’être plus que superstition ou ignorance. Ainsi, l’athéisme et/ou le laïcisme ont pris le dessus sur la religiosité et le mystère. C’est dans cette perspective que nous observons aujourd’hui une orientalisation du monde, qu’il faudrait peut-être mieux appeler un réenchantement du monde.
En effet, on observe différents éléments qui montrent cet appel de l’Occident vers un Orient : dans la mode (Muji), dans la gastronomie (Sushis), ou encore l’Année de la Chine, le mouvement techno ou métal. Ces signes nous montrent ce besoin d’étrangeté, d’ailleurs. On peut également noter l’engouement qu’a suscité l’exposition de Charles Cordier, « l’Autre et l’Ailleurs », au Musée d’Orsay. Face au désenchantement imposé par la modernité, « l’Orientalisation du monde » est une réponse au besoin de réenchantement qui s’exprime dans nos sociétés.
Ainsi, face à la rationalisation et à sa prétendue capacité absolue de connaître, nous assistons à l’élaboration d’une réponse, à une nouvelle approche de ce que le monde nous montre tout en nous le dissimulant. Nous assistons à un réenchantement du monde, c’est-à-dire à un nouveau besoin de l’étrange, de l’ailleurs, de l’inconnu.
Aurélien Fouillet (CeaQ)