Kapwani Kiwanga / Hicham Berrada
On a souvent opposé la nature à la culture, l’une étant considérée comme une donnée biologique innée sur laquelle les théories essentialistes s’appuient pour justifier des inégalités sociales ou ethniques, l’autre étant la résultante d’un processus de transformation constante.
Depuis Simone de Beauvoir dans Le Deuxième Sexe, puis Elisabeth Badinter dans XY, de l’identité masculine et Judith Butler avec Trouble dans le genre, on sait désormais que le genre ne se résume pas à la distinction naturelle des sexes mais est le résultat d’un phénomène culturel, d’une performance qui assigne à chacun un rôle prédéterminé qu’il faut endosser. La nature comme l’espèce sont en perpétuelles transformations, l’une opérant des mutations écologiques quand l’autre subit des transformations corporelles vers un être humain augmenté par la technique. Cette quatrième séance de Partitions (Performances) propose d’aborder cette question à travers deux propositions radicalement différentes.
Kapwani Kiwanga / Les chroniques de Black Star
En 2013 Kapwani Kiwanga présentait à la Fondation la performance Afrogalactica : un abrégé du futur. Elle revient cette année performer le second volet de sa série de conférences afro-futuristes intitulé Les chroniques de Black Star examinant cette fois l’histoire et l’avenir du genre, à travers les figures des cyborgs et des traders de gènes, et ses effets sur le développement des sociétés intergalactiques, descendantes des membres de l’Agence spatiale des États-Unis d’Afrique.
Née en 1978 à Hamilton au Canada. Elle vit actuellement à Paris. Depuis plusieurs années, Kapwani Kiwanga développe une recherche autour du musicien Sun Ra, qui revendiquait une origine extraterrestre, affirmant venir de Saturne, et prônant une philosophie « astro-black ». Dans sa série de performances Afrogalactica, l’artiste campe une anthropologue du XXIIème Siècle témoignant depuis le futur de ses recherches sur le passé. Après des études en anthropologie et religions comparées à l’université McGill de Montréal au Canada, puis la réalisation de documentaires pour la BBC et Channel 4 au début des années 2000, elle développe une pratique artistique empruntant ou détournant des méthodologies scientifiques au service de réalités alternatives. Elle est diplômée du Fresnoy et a participé au post-diplôme de l’Ecole Nationale des Beaux-arts de Paris : La Seine. Elle a exposé au Jeu de Paume, dans le cadre de la programmation Satellite de Nataša Petrešin-Bachelez, du 3 juin au 14 septembre 2014.
Hicham Berrada / Présage
Hicham Berrada, artiste et chimiste, propose avec un voyage dans des paysages artificiels se transformant sous nos yeux par l’effet de produits chimiques avec la participation de Mickaël Mergui. Entre la nature et son simulacre, les précipités donnent forme à d’étranges cosmogonies à moins qu’ils ne révèlent de singuliers écosystèmes aquatiques. Dans une forme d’écologie inversée, les produits chimiques, au lieu de détruire la nature, en proposent de nouvelles hypothèses.
Né en 1986 à Casablanca, il vit à Paris. Il est actuellement résident de la Villa Medicis à Rome. Hicham Berrada utilise les produits chimiques comme un peintre les couleurs, réinventant le paysage par un savant jeu de précipités chimiques. Ses vidéos ou performances sont conçues comme le théâtre de formations de paysages toujours changeants. Après un bac scientifique au Lycée Lyautey de Casablanca et un passage à Olivier de Serre et aux Atelier des Sèvres, il intègre l’Ecole Nationale Supérieure des beaux-arts de Paris puis le Studio du Fresnoy dont il sort en 2013. Lauréat de plusieurs prix, il a exposé à la Fondation Abderahman Slaoui de Casablanca en 2012 et au Palais de Tokyo en 2013. Deux de ces pièces qui viennent d’entrer dans la collection du Mac Val sont actuellement visible dans l’accrochage du musée.