Exposition

Crumbling the Antiseptic Beauty

« Crumbling the Antiseptic Beauty », la première exposition organisée par David Douard en tant que commissaire dans une institution, réunit des artistes de différentes générations et aux pratiques diverses. Des artistes qui appartiennent à un cercle plus large et cependant remarquable par le fait que leur production artistique — qu’elle se décline sous forme d’objets quasi ready-made, de pièces sonores, de mobilier, de sculptures, de peintures ou de photographies — a, depuis de nombreuses années parfois, influencé le travail et la sensibilité de celui qui s’est fait connaître par le biais d’installations traversées par un puissant rapport au réel. S’il n’est pas inédit de voir apparaître, au sein de la pratique de David Douard, ce lien spécifique entretenu à l’œuvre de ses pairs1, l’exposition dont nous lui avons confié la réalisation permet de rendre compte de la manière dont une certaine « énergie » de création se diffuse sous la forme d’un environnement singulier de proximités et d’influences. 

« Énergies », le terme est directement extrait d’un entretien que nous avons réalisé avec l’artiste en amont de l’ouverture de l’exposition. Il dit avec justesse ce qui s’apparente moins à une méthodologie qu’à un modus operandi essentiel dans sa pratique, qui s’est depuis le départ construite dans une correspondance évidente avec le monde qui l’entoure. Tout y est en effet affaire de circulation et de transformation, d’absorption et d’adresse. Nous nous sommes de notre côté laissés emporter par cette forme entropique de collaboration pour suivre avec lui les différents embranchements d’un projet qui s’est depuis son point initial construit par résonance et capillarité. Il convient d’ailleurs ici d’en restituer quelques éléments de genèse, et d’évoquer l’impulsion du duo de graphistes Thomas Bizzarri et Alain Rodriguez, qui nous ont présenté, en début d’année 2023, un projet d’édition articulé autour des fanzines réalisés par David Douard depuis ses premières années d’étude aux beaux-arts. C’est à ce moment que nous avons pris la mesure de la dimension collective de son travail, qui à sa marge la moins visible — là où le geste est le plus fragile et modeste, mais certainement le plus spontané aussi — donnait à l’activité plastique une incarnation plus hybride que celle qu’on lui connaissait. 

L’exposition qui se prépare dans nos murs est, de notre point de vue, le prolongement de ce mouvement jusqu’alors contenu dans l’intimité de l’atelier. Elle informe la pratique de l’artiste autant qu’elle nous donne accès au langage de celles et ceux qui l’accompagnent dans cette nouvelle étape de son parcours. Spécifiquement imaginée pour l’occasion, la scénographie revisite certains dispositifs récents apparus dans son travail et y agit comme une matrice formelle. Ménageant autant de rapprochements que de perspectives distanciées, elle génère des projections concrètes et symboliques entre les pièces exposées tout autant qu’avec l’espace physique de la fondation et son environnement immédiat. Encapsulant ces imaginaires dissociés sans pour autant céder à une quelconque tentation narrative, cette exposition où se croisent de multiples affects place en son centre l’activité artistique comme un moyen permettant « d’altérer l’autorité du monde² ». 

Franck Balland
Responsable du développement culturel

1On se souvient notamment de la présentation des pièces de l’artiste japonais Tetsumi Kudo dans l’exposition « Mo’ Swallow » (cur. Rebecca Lamarche-Vadel), qui s’est tenue au Palais de Tokyo au début de l’année 2014. 

2David Douard, au cours de notre entretien. 

© Des signes

© Martin Argyroglo

Dates
7 mai - 13 juillet 2024
Horaires
Du mardi au samedi, de 11h à 19h
Lundi sur rendez-vous
Entrée libre
Visites
Visites commentées gratuites
mercredi 12h, samedi 12h et 16h