La Traverse 7
Découvrez le nouveau numéro de La Traverse, journal semestriel de la Fondation.
Retrouvez la version complète à l'accueil de la Fondation !
Dans ce septième numéro de La Traverse, retrouvez les contributions de : Colette Barbier, Flora Bouteille, Arlène Berceliot-Courtin, Nicolas Chardon, David Douard, Vérane Guillard, Hugo Pernet, Prune Phi, Chloé Quenum, Sabine Teyssoneyre, After 8 Books.
Edito d'Antonia Scintilla, directrice de la Fondation :
En couverture de ce nouveau numéro de La Traverse, une cible de format carré attire notre regard. Sur sa quatrième, les silhouettes étirées de deux lièvres s’élancent comme dans une course. Ces images qui encadrent les pages du journal sont l’oeuvre de deux peintres, respectivement Nicolas Chardon et Hugo Pernet, dont les pratiques sont abondamment nourries d’histoire de l’art. Des avant-gardes européennes pour le premier, dont une oeuvre vient désormais habiller le fronton du Café Mirette, aux emprunts plus classiques du second, qui accorda en octobre dernier un passionnant entretien à Jill Gasparina dans notre Auditorium, leurs peintures déplacent des formes héritées, interrogeant constamment la manière dont celles-ci existent au présent. C’est autour de ce lien à l’histoire que s’est cristallisée la ligne éditoriale de ce numéro, prolongeant ainsi l’axe des expositions que nous accueillons entre nos murs. Celle proposée par la commissaire Marjolaine Lévy, d’abord, qu’on retrouve à la Fondation un peu plus de deux ans après qu’elle soit venue y taquiner Clement Greenberg. Sondant toujours l’héritage moderniste, elle réunit cette fois, et de manière inédite, Farah Atassi et Ulla von Brandenburg dans un environnement célébrant la couleur et les formes, mais aussi la scène comme espace d’émancipation. Puis au printemps, ce sera au tour de David Douard, pour la première fois dans un rôle de commissaire,
d’investir notre espace d’exposition en réunissant une dizaine d’artistes de générations et d’horizons différents. Sans propos manifeste, sa proposition fait émerger des sensibilités artistiques communes par-delà l’esprit propre à chaque époque.
Parmi les autres histoires qui peuplent cette Traverse, toutes ne revendiquent pas la même relation à l’art. Prune Phi, qu’on découvre en page centrale, et qui participe en avril à « La Contemporaine »— la nouvelle triennale de Nîmes, dont nous sommes partenaires, explore de son côté la délicate question de la transmission dans les communautés asiatiques installées en occident. Flora Bouteille, qui anime pour sa part cette année le cycle Paris Performance, imagine le devenir de son travail dans un entretien avec une entité fictive, donné en 2031. On retrouve ensuite Hugo Pernet, dans une sélection de poèmes qui aborde de manière à la fois triviale et érudite son quotidien d’artiste, puis Colette Barbier, qui continue de nous accompagner dans ces pages, par le biais d’un bel entretien réalisé avec Chloé Quenum. Nous sommes enfin particulièrement heureux de vous présenter, à la suite de ces quelques lignes, les premières réflexions d’Arlène Berceliot Courtin, commissaire du 25e Prix Fondation Pernod Ricard, ainsi que les artistes nommé·es. L’exposition « Tous les messages sont émotionnels » sera inaugurée le 9 septembre prochain ; son titre rend hommage à Lauren Berlant (1957–2021), théoricien·ne américain·e ayant placé les affects au centre de ses recherches. Lauren Berlant a fondamentalement modifié notre perception de l’importance du langage, de la manière dont le langage peut créer et soutenir des mondes alternatifs. Cela trouve une résonnance particulière dans les explorations artistiques qui traversent ce numéro, où le passé, le présent et l’avenir s’entremêlent, éveillant des émotions intemporelles.