Entretiens sur l'art avec Cindy Coutant
Confiés depuis 2021 à la critique et commissaire Jill Gasparina, les « Entretiens sur l’art » qui, depuis plus de 20 ans, dessinent une formidable collection de paroles d’artistes, scruteront désormais avec attention la matérialité et les conditions d'émergence des œuvres des artistes invités.
« Comment devient-on artiste ? Qu’est-ce qu’un processus créatif ? Comment une œuvre se développe-t-elle dans le temps ? Comment se nourrit-elle des influences extérieures ? Mais aussi : où travaillent les artistes ? Dans quelle économie financière et familiale s’inscrivent-ils et elles ? Quels réseaux de collaboration mettent-il·elle·s en place ? Comment la routine de l’activité artistique se partage-t-elle avec la dimension plus expressive et créatrice de leur travail ? »
Née en 1984, Cindy Coutant est artiste, chercheuse, éditrice, enseignante. Elle vit et travaille à Genève. Son travail se construit d’abord dans des formes légères comme l’écriture poétique, la performance parlée. Puis il mute, pour embrasser progressivement la programmation, la vidéo, l’installation, la traduction, l’édition. Aujourd’hui, ses œuvres comme ses expositions se construisent dans un mélange sophistiqué où des fragments visuels, sonores ou matériels tirés de la culture pop et SF côtoient des formes savantes de critiques des grands récits technologiques, acerbes, souvent drôles.
Cindy Coutant a également développé au cours du temps une pratique tournée vers la collaboration. Elle travaille régulièrement avec le musicien électronique Théo Pozoga. En 2020, elle a créé le collectif l4bouche, avec l’écrivaine et chercheuse Estelle Benazet Heugenhauser, un outil qui leur permet de croiser art, littérature, théorie, et d’ouvrir des portails entre le monde numérique et la réalité bien physique dans laquelle se mouvent nos corps parfois débordants d’énergie, parfois exténués.
Ensemble, elles ont notamment traduit, édité et exposé l’œuvre textuelle et visuelle de la théoricienne américaine Zoé Sofia. Pour l4bouche, comme pour cette pionnière du cyberféminisme, inventrice d’une « sexo-sémiotique de la technologie », la notion de « futur effondré » est centrale, et le spectre de l’extinction se renverse dans le désir d’action.
