Exposition personnelle de Florence Jung
Exposition personnelle de Florence Jung en dialogue avec Ima-Abasi Okon
L’exposition se déploie à travers neuf scénarios mis en scène autour de la Fondation et de son quartier. À travers ces situations scriptées, Florence Jung explore la vie de ceux que nous croisons quotidiennement et les fils invisibles qui nous relient.
L’œuvre de Florence Jung se distingue par sa richesse conceptuelle, proposant une réflexion profonde sur ce qui demeure invisible dans notre monde contemporain saturé d’images et d’informations. Son approche est ancrée dans le réel, s’infiltrant dans le quotidien et incitant les spectateurs à interroger leur environnement.
Ma première rencontre avec son travail remonte à 2013, lorsque j’ai vu l’une de ses premières œuvres au Salon de Montrouge. Elle avait alors loué son espace d’exposition à une taverne afin de financer un « Prix Jung », destiné à être redistribué équitablement entre tous les artistes du Salon. Il n’y avait absolument rien à contempler sur son stand, hormis une serveuse travaillant au milieu de ses salades bio et – texte à l’entrée mis à part – rien n’indiquait non plus qu’il s’agissait d’une œuvre. Ce qui aurait pu être perçu comme une tentative de déjouer les conventions du monde de l’art servait également, avec ironie, à mettre en lumière la perversité des mécanismes de compétition qui le régissent.
Déjà à cette époque, son approche centrée non pas sur le visuel ou l’objet, mais sur le narratif, l’éphémère et l’immatériel avait suscité ma curiosité. En suivant l’évolution de son parcours artistique, la spécificité de sa démarche m’est apparue de plus en plus manifeste. La capacité de Florence Jung à créer des scénarios qui s’insinuent dans la réalité, brouillant les frontières entre l’art, la vie et le paysage social, marque la singularité de sa pratique. Ses pièces ne sont pas confinées aux limites traditionnelles de l’espace et du temps d’exposition ; elles s’étendent par-delà l’environnement immédiat, intégrant autant l’architecture que les individus.
Cette exposition marque ainsi un moment important tant pour Florence Jung que pour la Fondation, alors que nous cherchons à questionner et à repousser les limites des formats d’exposition traditionnels, tout en réfléchissant au rôle des institutions au sein de l’écosystème artistique.
Antonia Scintilla
Directrice de la Fondation Pernod Ricard