Anthea Hamilton
Patrick Javault reçoit Anthea Hamilton.
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Souvent comparées à des éléments de décor pour des performances ou pour un Kabuki contemporain (comme elle en conçut un pour les Tanks de la Tate modern), les installations d’Anthea Hamilton nous invitent dans un espace où art, mode, commerce, culture physique…échangent en permanence leurs signes et leurs repères. Les images et les possibilités de développement qu’elles offrent par des changements d’échelle, la possibilité d’y retrouver des archétypes de la culture classique, sont au cœur de sa réflexion. Le visage d’un Travolta ou la silhouette d’un Lagerfeld en pleine jeunesse permettent de composer avec quelques accessoires, fruits ou plantes, des allégories ouvertes. Mais, plutôt qu’à raconter des histoires, Anthea Hamilton préfère tracer des lignes, élaborer des diagrammes, notamment par le biais de ces silhouettes de jambes en acrylique ou en mdf qui engagent aussi la participation du spectateur.
Pour l’espace public, elle a construit « Aquarius », une arche de plus de 7
mètres de haut en échafaudage et couverte d’une bâche translucide où s’affiche la photo d’un homme en sous-vêtements. Les jambes de ce bel athlète échappé au monde la publicité sont celles de l’arche, et le rappel de l’Antiquité se colore ainsi d’un léger trouble. Interrogée sur sa brillante et complexe exposition « Sorry I’m Late » en 2012, l’artiste concluait:
« Travolta + Kimono = Venise ». Cette équation, donnée hors-contexte,
pourrait être l’entrée en matière intrigante à notre entretien de ce soir.