Conférence avec Beatriz Colomina et Mark Wigley
When Bacteria Rule the World: Notes Toward a Trans-species Architecture
Conférence de clôture du cycle Monstrum coordonné par Emmanuelle Raoul-Duval et Jacques-Marie Ligo de l'Ecole d'architecture de la ville & des territoires Paris-Est
L’architecture occidentale a toujours été pensée en relation avec le corps – plus précisément avec le corps masculin blanc athlétique, sans cesse redessiné, des traités de la Renaissance aux manifestes de l’architecture moderne, de Léonard de Vinci à Le Corbusier. Ce corps idéalisé, immergé dans des systèmes géométriques de proportions, constitue une fiction qui exclut la majeure partie de l’humanité.
Le concept de « design centré sur l’humain » semble prometteur, mais il s’est avéré désastreux pour les humains, la planète et les autres espèces. L’humain n’est pas une entité homogène mais une collaboration trans-espèces complexe, perpétuelle et en constante évolution. L’humain n’est rien d’autre qu’un réceptacle de bactéries – des bactéries présentes depuis des milliards d’années, quand l’humain est une apparition récente qui pourrait déjà être sur le déclin. Nous ne sommes rien sans ces “étrangers” ; nous vivons en eux bien plus qu’ils ne vivent en nous.
Quelle forme pourrait prendre une architecture probiotique ? Elle ressemblerait probablement à notre intestin : plus poreuse, par opposition à l’attitude prophylactique de l’architecture moderne.
Nous vivions autrefois en étroite intimité avec toutes les bactéries présentes dans le sol, les plantes et les autres animaux.
Ne devrions-nous pas reconnecter avec cette diversité bactérienne dans un soucis de nécessaire hospitalité ?