Conversation piece
Patrick Javault reçoit Claude Rutault et Jean-Claude Rousseau.
Depuis un jour de 1973 où il décide de peindre une toile et un mur de la même couleur, Claude Rutault rédige ses désormais fameuses « définitions/méthodes » dont il délègue la réalisation à différents preneurs en charge. Cette façon d’œuvrer à partir des conditions d’existence et de diffusion de la peinture, lui permet de produire des installations renouvelables et transposables et qui, par conséquent, ne cessent jamais d’être d’actualité. C’est aussi le moyen de trouver des arrangements avec l’architecture ou d’organiser des rencontres avec les œuvres de maîtres anciens (Poussin ou Mondrian, parmi beaucoup d’autres). Avant de venir converser à la Fondation d’entreprise Ricard, il aura le 8 janvier inauguré une nouvelle exposition à la galerie Emmanuel Perrotin.
Jean-Claude Rousseau s’est fait connaître par Les Antiquités de Rome (1989) et La Vallée close (1995), deux films monumentaux réalisés en super 8. Depuis une dizaine d’années, il emploie la mini dv, ce qui l’a notamment conduit à repenser la question de la durée et celle du montage. Revendiquant l’influence de Vermer, Bresson et Ozu, il procède par des plans fixes qui ne sont pas prémédités mais s’imposent à lui. De Son appartement (2007), sorti au mois de décembre 2010 au Reflet Médicis, se nourrit de la lecture de Bérénice et de la préface de Racine qui dit que « L’invention consiste à faire quelque chose de rien ».
Claude Rutault et Jean-Claude Rousseau ont montré ensemble des travaux (l’Atelier, Ecole d’art de Tourcoing, 2005), sous l’invocation indirecte de Vermeer. Celui qui pense que “la peinture ne tombe pas du ciel” et celui qui ne tourne que lorsqu’il est “saisi par le plan” ont bien voulu poursuivre leur dialogue en public, et accepté qu’un tiers se mêle à la conversation.