Cultural memories / récits parallèles
Conçue en écho à l’exposition Cultural Memories/Récits parallèles, actuellement présentée à la galerie In Situ/fabienne leclerc, la projection proposée à la Fondation d’entreprise Ricard réunit six films réalisés par quatre artistes et duo d’artistes.
Venant d’horizons historiques, géographiques et culturels différents, leurs œuvres mettent en scène les processus mémoriels et la manière dont des mémoires différentes – personnelles, collectives, officielles, vernaculaires – investissent et construisent le champ des représentations.
Ainsi, au-delà de leurs qualités propres, chacun des films peut-il être regardé et envisagé comme la mise en image d’une mémoire, très précisément située, et l’expression de contenus politiques, historiques, culturels et/ou esthétiques pris en charge par les artistes.
Programme de la projection
Sélection de films proposée par Clément Dirié
– Jean-Baptiste Maitre, Sculpture Report, 2008, Film de jour, 2009, et Why Do Things Get In A Muddle, 2009, 5′ chacun
– Mona Vatamanu & Florin Tudor, August, 2004-2007, 16’40 »
– David Maljkovic, Lost Memories From These Days, 2006, 6’44 »
– Hito Steyerl, Lovely Andrea, 2007, 6’44 »
Dans Lost Memories from These Days, David Maljkovic révèle le potentiel de condensation historique des pavillons nationaux érigés pour les foires commerciales des années soixante, et notamment pour celle de Zagreb, seul événement économique de la Guerre Froide où exposèrent ensemble les États-Unis, l’URSS, l’Occident et le Tiers-Monde. Dans l’ancien pavillon italien, reconverti en show-room pour voitures modernes, de jeunes hôtesses s’ennuient. Autrefois destiné à la célébration de l’utopie progressiste, le pavillon devient le symbole d’un modèle capitaliste déclinant. Avec mélancolie, l’artiste souligne le hiatus existant entre l’utilisation actuelle et la fonction première de bâtiments originellement conçus dans un but utopique.
Dans August, Mona Vatamanu & Florin Tudor proposent la relecture d’un classique du cinéma roumain : Amour impossible réalisé par Constantin Vaeni en 1983, dans une période d’apogée de la propagande communiste. Croisant une impossible histoire d’amour et la fable du grand récit communiste, l’échange épistolaire entre les deux protagonistes poursuit et complète, plusieurs décennies après leur séparation et la Révolution de 1989, le dialogue initié en 1983.
Les trois films courts et « esthétiques » de Jean-Baptiste Maître, venant rythmer la projection, mettent en scène les œuvres de l’artiste dans l’espace de l’atelier et de l’exposition, en jouant des possibilités de la lumière et de la notion d’œuvre en cours. Film de jour, réflexion sur l’abstraction, mêle des images issues d’un documentaire sur Frank Stella et des vues d’atelier ; Sculpture Report documente d’une manière non documentaire une exposition d’œuvres uniquement installées pour le tournage du film ; Why Do Things Get In A Muddle (Pourquoi les choses sont-elles en désordre ?) nous fait assister à la réalisation d’une œuvre en temps réel.
Enfin, Lovely Andrea, réalisée par Hito Steyerl à l’occasion de Documenta 12 (2007), décrit sa quête à Tokyo d’une photographie de bondage réalisée vingt ans auparavant. Comme à son habitude, la réalisatrice mêle à la trame narrative du film des réflexions sur l’image contemporaine, en y croisant sources, époques et genres.
Remerciements aux artistes et à la Annet Gelink Gallery, Amsterdam, pour le film de David Maljkovic.
Cette projection est organisée en relation avec l’exposition Cultural Memories /Récits parallèles présentée à la galerie In Situ/fabienne Leclerc jusqu’au 19 décembre 2009.
Historien et critique d’art, Clément Dirié est éditeur en art contemporain et commissaire d’expositions indépendant.