Désorceler : des cartes, des mots, des images
Cycle de conférences proposé par Jérôme Mauche.
Rituels, images et mots sont autant de pratiques qui seront au centre de cette nouvelle rencontre. En effet, ce qui relierait les travaux poétiques et photographiques de Suzanne Doppelt et les approches ethnologiques et thérapeutiques de Jeanne Favret-Saada, outre des thématiques comme l’ensorcellement, la divination, serait ce travail constant d’interprétation et de réinterprétation des corps, des savoirs et des affects. Proposant des objets inattendus aux connotations mystérieuses, ces deux auteurs auraient ainsi particulièrement la capacité de se laisser « affecter » par leurs objets d’études comme de composition, et d’en communiquer au lecteur comme au regardeur un savoir faire de rigueur et de poésie.
BiOGRAPHIES
Suzanne DOPPELT
Suzanne Doppelt est poète et photographe. Son travail associe cette double dimension dans ses livres, ses lectures et ses expositions. Jouant avec subtilité de ces médiums, Suzanne Doppelt travaille la répétition, l’illusion puisant dans un corpus d’images et de textes qui relie les origines de la photographie à celle de la matière, les Présocratiques aux écrits ethnographiques et où les spectres et revenants ne sont jamais très loin. Après avoir fait paraître plusieurs ouvrages où ses photographies accompagnaient des textes ou poèmes de Pierre Alferi, Kub Or, P.O.L, 1994 ; Manuela Morgaine Treize superstitions, Créaphis, 1999 ; et Anne Portugal, Dans la reproduction en 2 parties égales, P.O.L, 1999, ses derniers livres associent directement ses deux aspects de son travail. Elle a notamment fait paraître Totem, P.O.L, 2002 ; Quelque chose cloche, P.O.L, 2004 ; Le pré est vénéneux, P.O.L, 2007 ; Le monde est beau, il est rond, Inventaire-invention, 2008 ; Lazy suzie, P.O.L, 2009. De plus, elle collabore avec le compositeur Georges Aperghis. Son travail photographique a été récemment exposé à la New York University, au Cabinet d’art graphique du Louvre, à la Galerie Martine Aboucaya à Paris. Elle dirige par ailleurs une collection d’essais « Le rayon des curiosités » aux éditions Bayard et est membre du comité de rédaction de la revue « Vacarme ».
Jeanne FAVRET-SAADA
Jeanne Favret-Saada est ethnologue, elle a été directrice d’études à l’École Pratique des Hautes Etudes en sciences religieuses. Ses terrains d’investigation sont d’une grande diversité à la jonction de la psychanalyse et de l’histoire aussi. Elle a ainsi analysé les systèmes politiques et de vengeance en Kabylie, Algérie, 1962-1964 : essais d’anthropologie politique, Bouchène, 2005. Ses études sur la sorcellerie dans le Bocage normand ont donné lieu à plusieurs ouvrages exceptionnels, ainsi Les Mots, la mort, les sorts, Gallimard, 1977 ; Corps pour corps avec Josée Contreras, Gallimard, 1981; Désorceler, L’Olivier, 2009, où Jeanne Favret-Saada réinterprète ce même matériau bocain. D’autres de ses travaux ont trait aux religions et à la laïcité, ainsi Le Christianisme et ses juifs : 1800-000 avec Josée Contreras, Le Seuil, 2004 ; Jeux d’ombres sur la scène de l’ONU : Droits humains et laïcité, Paris, L’Olivier, 2010. On lui doit aussi des études sur le blasphème contemporain à partir notamment de l’affaire Salman Rushdie ainsi qu’à propos des caricatures danoises de Mohammed dans Comment produire une crise mondiale avec douze petits dessins, Les Prairies ordinaires, 2007. Entre science, action et engagement, les livres de Jeanne Favret-Saada possèdent une force rare de suggestion.