Entretiens sur l'art Babette Mangolte
Anne Bonnin reçoit la cinéaste et photographe Babette Mangolte
Réécoutez la conférence avec Babette Mangolte sur France Culture.
Cinéaste, photographe, artiste et auteure d’essais critiques, Babette Mangolte développe depuis plus de 40 ans une œuvre photographique et filmique originale, qui prend depuis plusieurs années la forme de l’installation. Née en France en 1941, Mangolte étudie à l’École nationale Louis-Lumière à Paris, pour y suivre une formation de chef-opérateur, métier alors réservé aux hommes. Elle sera ainsi en France la première femme camerawoman, mais elle commence véritablement à développer une œuvre, comme photographe, camerawoman puis filmmmaker, à New-York où elle vit depuis le début des années 1970. Elle a dirigé des films de Chantal Akerman (Hotel Monterey, News from Home, Jeanne Dielman 23 Quai du Commerce 1080 Bruxelles, Un jour Pina m’a demandé …), dYvonne Rainer (Film about a Woman Who, Lives of Performers …), de Marcel Hanoun, de Jackie Raynal ou Jean-Pierre Gorin, entre autres. Dans les années 1970, elle devient la photographe privilégiée de la danse contemporaine expérimentale et de la performance à New-York, témoin proche du travail des chorégraphes, performeurs et performeuses lié.e.s à la Judson Dance Theater. Elle photographie ainsi les travaux de Trisha Brown, d’Yvonne Rainer, Steve Paxton, Lucinda Childs, Joan Jonas, Robert Morris.
Babette Mangolte se définit comme un filmmaker who also takes photographs.. Qu’elle travaille avec les autres ou qu’elle réalise ses propres films, Mangolte est avant tout un œil-caméra – elle-même le dit -, la camera est à la fois instrument et sujet. Elle n’a eu ainsi de cesse d’explorer la position de regardeur-regardeuse ou de spectateur-spectatrice : l’un de ses principaux films « The Camera : Je/La Caméra : I » pourrait faire figure de manifeste subjectif de cette femme-caméra, pour laquelle le je est un œil : I = EYE.
Babette Mangolte a réalisé de nombreux films, parmi lesquels : What Maisie Knew (1975), The Camera: Je ou La Camera: I (1977), The Cold Eye (1980), The Sky on Location (1982), Visible Cities (1991), Four Pieces by Morris (1993). Plus récemment, elle a réalisé Seven Easy Pieces (2007) qui documente le reneactement des performances de Marina Abramovic Actuellement, elle présente dans l’exposition Muses Insoumises au Musée Reina Sofia à Madrid son dernier film Calamity Jane & Delphine Seyrig: A Story » (2019.). Ses films sont dans les collections du Museum of Modern Art de New York, du MNAM au Centre Pompidou et de la Fondazione Sandretto Re Rebaudengo de Turin. Récemment, d’amples expositions rétrospectives ont été organisées à la Kunsthalle de Vienne en 2016 : Babette Mangolte. I = Eye, en 2019, le Musée départemental de Rochechouart a organisé la première exposition personnelle de Babette Mangolte en France Spaces to SEE.