Le photogramme de l'action
Cycle de conférences proposé par Jérôme Mauche.
Pour ce nouveau rendez-vous de Poésie Plate-forme, à partir de l’œuvre théâtrale et poétique de Fabrice Melquiot et des travaux de l’artiste Éric Rondepierre, auteur par ailleurs de fictions et de récits, il s’agira d’interroger leurs processus de création et d’écriture.
Si Éric Rondepierre a fait du photogramme cinématographique le point de départ de son travail visuel, le plaçant aussi au centre de ses livres, cet « angle mort » de la représentation offre une manière d’entrer dans l’univers multiforme de Fabrice Melquiot. En dix ans et une trentaine de pièces, ce dernier a mis en place un véritable monde d’une grande richesse de situation et d’invention qui en fait un des auteurs de théâtre contemporain les plus réputés.
L’image fixe, ressort du souvenir personnel et métaphore de l’histoire, un instant arrêtée, permet de rapprocher ses deux auteurs singuliers. Leurs œuvres, par-delà ce qui les éloigne aussi, sont de celles qui construisent un rapport spécifique au monde, poétique et politique à leur manière. En témoigne la place importante que ces deux auteurs accordent à l’enfance, la leur ou celle des autres, prélevée ou imaginée, persistante comme une image.
BIOGRAPHIES
Fabrice MELQUIOT
Fabrice Melquiot, né en 1972, est l’écrivain pour le théâtre le plus réputé de sa génération. Après avoir été comédien, notamment pour Emmanuel Demarcy-Mota, ses premiers textes sont publiés à l’École des loisirs et diffusés sur France Culture. Depuis 2001, il a fait paraître plus de trente pièces aux éditions de l’Arche, ainsi que deux recueils de poésie Veux-tu ? et Graceful. Il a reçu en 2008 le Prix Théâtre de l’Académie française pour l’ensemble de son œuvre. Son théâtre avec audace dans une langue forte et poétique, dresse un état des lieux du contemporain. Parmi ses pièces, on citera, L’inattendu, Percolateur Blues, 2001 ; Le diable en partage, Kids, 2002 ; Ma vie de chandelle, 2004 ; Je Rien Te Deum, Marcia Hesse, 2005 ; Tasmanie, 2007 ; Eileen Shakespeare, 2009 ; 399 secondes, 2010 ; Youri, Quand j’étais Charles, 2011, autant de textes qui ont été mis en scène, entre autres, par Emmanuel Demarcy-Mota, Michel Dydim, Franck Berthier, Marion Lévy, Stanislas Nordey, Didier Long ou l’auteur lui-même. Traduit dans de nombreuses langues, son théâtre est joué aux États-Unis, en Allemagne, Grèce, Russie, au Mexique, Espagne, Japon …Par ailleurs, de nombreux de ses textes sont destinés au jeune public, ainsi Perlino comment, 2001 ; Bouli Miro, 2002, premier spectacle pour la jeunesse à avoir été présenté à la Comédie Française, ou plus récemment Guitou. Fabrice Melquiot a récemment fait paraître un récit Braderie des ombres (Créaphis/Fondation Facim) qui se passe à Modane, ville dont il est originaire ; ce livre a été aussi le support d’un travail photographique « Figures » qui associe textes et portraits et a fait l’objet d’expositions.
Eric RONDEPIERRE
Éric Rondepierre, né en 1950, a d’abord été comédien avant de développer un travail photographique en relation avec le cinéma. Depuis le début des années 90, il prélève des photogrammes provenant de films vus à la télévision, mais aussi sélectionnés dans des cinémathèques, agrandissant l’image afin d’en explorer les « angles morts », soulignant via le sous-titre la dimension littéraire à l’œuvre dans ce médium. Exposant tout aussi bien en France qu’à l’étranger (au MoMa en 1992 notamment), son travail toujours conçu par série Excédents, Annonces, Précis de décomposition, Stances se diversifie, incluant progressivement ses propres images ou des dessins. De plus, Éric Rondepierre commence à faire paraître des textes de fiction dans les catalogues de ses expositions, ainsi Le jour où Laura est morte, Galerie Michèle Chomette/Actes Sud, 1995 ; Moires, 1998, Apartés, 2001, Contrebande, 2003, parus aux éditions Filigranes. Plus récemment, ses ouvrages qui sont devenus une part entière de son travail explorent d’autres territoires, notamment autobiographiques. Il est l’auteur d’un roman La Nuit Cinéma, Seuil, 2005 ; Toujours rien sur Robert, Léo Scheer, 2007 ; et d’un récit, Placement, Seuil, 2007. Son dernier livre, L’hypothèse, Publie.net, 2009, analyse sa démarche artistique. On citera parmi les ouvrages qui lui sont consacrés une monographie parue aux éditions Léo Scheer en 2003 (avec des contributions de Pierre Guyotat, Daniel Arasse, Denys Riout, Jean-Max Colard, Thierry Lenain, Alain Jouffroy, Hubert Damisch). En 2012, une exposition personnelle lui sera consacrée à l’Arsenal à Metz.