Les Mots troubles #5, Cabaret
Les Mots troubles #5 réunit les artistes Fatma Cheffi, Zoé Couppé, Marcel Devillers, Nelle Gevers, Than Hussein Clark, Marc-Aurèle Ngoma, Harilay Rabenjamina, liv schulman et HaYoung.
Pour cette cinquième et dernière session, Julie m’a convié à imaginer la soirée avec elle. Je suis curatrice indépendante, j’enseigne l’histoire de l’art, j’écris presque tous les jours. Avec Julie, nous nourrissons depuis plusieurs années une discussion qui porte sur la quotidienneté du travail artistique, nos conditions matérielles d’existence, la créativité, l’enfance, la vieillesse, le théâtre, les institutions culturelles, la vie domestique, la maternité ou encore la santé mentale et reproductive. Nous avons fait le choix, pour ce dernier opus, de travailler ensemble : comme curatrices ensemble, comme performeuses ensemble, même si cela ne correspond pas exactement à nos rôles habituels.
Julie m’avait écrit : « De mon côté, j’écris toujours mes textes en les entendant et en les disant, et je me demande s’il en est de même pour les personnes que nous allons inviter. Comment écrivent-elles ? Ce serait peut être ma question de départ à toutes et à tous. Quel est le rôle de l’oreille, quel est le désir de la voix, que veut-on de celleux qui écoutent ? » Ce passage par le dire est vrai pour moi aussi, toujours, lorsque j’écris ; alors que je ne lis que rarement mes textes à voix haute en présence d’un public. Qu’est-ce qui fait qu’un texte sera entendu est peut-être la question sous-jacente à cette activité solitaire.
Les Mots troubles #5 projette donc l’écriture de 9 artistes sous des formes diverses mais qui relèvent toutes de la performance. On explore les potentiels de fantômes/fantasmes formels : ceux du cabaret, du théâtre, du cinéma, de la salle de concert ; on explore les techniques de la voix, le chant, les jeux de la prise de parole, les heurts de la diction, la lecture, le par cœur, le jeu, le murmuré, ce qui se souffle dans l’oreillette (on entend même des voix) ; différents registres de puissance de la parole — forme et contenu. On explore les potentiels des corps, costumés, travestis, immobiles, dédoublés par la vidéo, vulnérables, aveugles, contraints, solides. On explore les jeux de rôles, les changements de personnages, les interludes, l’entracte.
Ce qui réunit les artistes qui participent au Mots troubles #5 est notre affinité profonde avec ce qu’iels racontent.
Les Mots troubles #5 est une soirée de performances qui vient clore une année de recherche, de rencontres et de performances à la Fondation Ricard pensée par l’artiste Julie Béna à partir de son désir d’organiser « un programme de rencontres autour du texte dans sa dimension orale ».
- Eva Barois De Caevel