Registres d'absence
Patrick Javault reçoit l’artiste Latifa Echakhch.
Française, née au Maroc, vivant la plupart du temps en Suisse, Latifa Echakhch n’a pas pour autant vocation à représenter le regard de l’autre côté de la Méditerranée.
Il suffirait pour s’en convaincre de rappeler cette œuvre intitulée « Dégradation » (2009) qui présentait au sol un sabre, des épaulettes, des boutons et galons en un certain ordre assemblés. Ce tas de breloques rappelle la célèbre performance que le 5 janvier 1895 un officier accomplit au nom de la République Française, performance consistant à arracher les signes d’appartenance du Capitaine Dreyfus à l’armée. En les reprenant à la manière d’une installation, l’artiste construit un mémorial à l’un des plus grands symboles de la fracture de la société française, en même temps qu’elle montre l’actualité de cette dégradation à l’heure de la promotion de l’identité nationale.
L’exposition TKAF à la galerie Kamel Mennour offre l’occasion d’une discussion avec Bernard Marcadé, critique d’art et commissaire d’expositions.